Georges Tony Stoll, peintre de l’absurde

L’exposition que lui consacre la galerie Jérôme Poggi, scindée en deux espaces, en fait la démonstration nette. Au numéro 2 de la rue Beaubourg, à Paris, une série de peintures intitulée « Absurde » présente des éclats de couleur réalisés le temps d’un été, en 2016, selon un procédé simple, sans doute aussi ancien que la pratique picturale elle-même. L’artiste a déposé des taches de couleur acrylique sur douze toiles tendues au sol, avant d’y verser de l’eau. Alors, un « spectacle obscène », raconte-t-il, prend forme sous ses yeux : les pigments se dilatent en expansions cosmiques.

La série aux tons délavés est une parenthèse dans le travail de Georges Tony Stoll, dont les peintures ont plutôt la matité des fresques. Celle que l’on retrouve dans une seconde série, exposée 24, rue Beaubourg et qui prend pour titre « Paris Abysses ». Soit une centaine de toiles peintes depuis un an, dont une quarantaine est présentée ici aux côtés d’œuvres en laine tricotée, à la préciosité d’objets d’art et de dessins d’un musée de sculpture imaginaire. Un véritable acte de création performatif auquel l’artiste se consacre chaque jour de manière « automatique », déployant dans des tons vifs et saturés ses mises en scène métaphysiques d’objets abstraits à la présence éminemment réelle, d’où surgissent les noms de Picabia, De Chirico, Guston. Coulées argentées, cubes striés, pans d’or et rayures bicolores, formes sans ombre et ombres sans forme racontent des histoires inconnues.