Cinquante ans de carrière et quelques belles rétrospectives américaines n’auront pas suffi à faire connaître George Herms de ce côté-ci de l’Atlantique. La galerie Vallois, à Paris, corrige le tir et offre cet automne une visibilité tardive à l’un des vétérans de l’Assemblage californien.
Proche des poètes de la Beat Generation, admirateur des surréalistes et de Duchamp, nourri au jazz, à la littérature, aux écrits ésotériques et au cannabis, le jeune Herms opte à la fin des années 1950 pour un vocabulaire plastique dégagé de toute convention, en récupérant d’ordinaires objets de rebut dont il développe les possibilités esthétiques. D’abord associés à ses propres fulgurances poétiques, ces collages tridimensionnels trouvent rapidement leur orthodoxie. Tantôt agglomérée en un chaos brut, tantôt ordonnancée avec une économie drastique, chaque combinaison de matériau détermine un rythme à la manière d’un poème visuel.
Objets délabrés récupérés dans une décharge ou métaux rouillés, papiers ou fragments de bois vermoulus, Herms remanie rarement ses trouvailles. Il se contente de les additionner. Beauté du rebut urbain, mystique du quotidien, art rédempteur, transmission du monde et transmission d’amour, les sculptures de George Herms veulent agir comme un mode de communication teinté de spiritualité et suggèrent un flux inépuisable.
À la différence de ses comparses Kienholz, Hopper ou Berman, cet ordonnancement intuitif du chaos ne le quittera plus. Et si, au fil des ans, l’artiste californien édite, photographie, filme ou enseigne, l’outil et la grammaire ne changent guère. Tout juste les agrégats se sont-ils ajustés à leur temps : aux fers à cheval, robinetteries, cloches, étiquettes et autres carafes rouillées, se sont parfois ajoutés, et non sans ironie, quelques disquettes d’ordinateur ou coups de griffe à l’ère du Pac-Man. Après Schwitters, après les nouveaux réalistes, l’impénitent beatnik goûte toujours au plaisir sensible du fragment et du matériau de récupération, resacralisé par l’opération d’assemblage.
« George Herms », galerie Vallois, sculptures contemporaines, 35, rue de Seine, Paris VIe, tél. 01 43 25 17 34, jusqu’au 31 octobre 2007.
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George Herms, le chaos ordonnancé
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°595 du 1 octobre 2007, avec le titre suivant : George Herms