Les ventes d’argenterie à Genève en mai laissent une impression contrastée. Sotheby’s – qui présentait, en marge d’une vacation générale, les très belles pièces de la collection Joost Ritman – a obtenu de bons résultats. En revanche, la vente de Christie’s a reçu un accueil plus que mitigé.
GENÈVE - L’événement, chez Sotheby’s, était la dispersion de la collection Joost Ritman, un industriel des Pays-Bas qui, depuis dix ans, a rassemblé les meilleures pièces du Siècle d’or hollandais.
Bien qu’elle soit parmi les plus belles réussites des arts décoratifs et à l’origine de nombreux styles – jusqu’à l’Art nouveau –, l’argenterie hollandaise trouve rarement des amateurs hors de son territoire d’origine. C’est pourquoi, malgré un invendu de taille – une coupe en vermeil, chef-d’œuvre de l’orfèvre van Vianen –, le résultat de cette vente apparaît très satisfaisant : plus de 4,5 millions de francs suisses, et un pourcentage de vendus de 73 %.
Le prix le plus important a été obtenu pour une coupe, en forme de hibou, qui s’est vendue 454 000 francs suisses. D’abord considérée comme une pièce d’argenterie hollandaise, elle s’était vendue 27 000 livres sterling en 1983, au cours de la vente Wallraf. Après identification d’un poinçon d’Anvers, elle a cette fois atteint trois fois son estimation, l’argenterie belge étant beaucoup plus cotée que celle des Pays-Bas.
Une tendance que confirme d’ailleurs la vente de deux nautiles montés en coupe : le premier, de l’orfèvre de Bruges van Ockerhout, s’est vendu 410 000 francs suisses, soit le double de son estimation, tandis que le deuxième, de l’orfèvre d’Amsterdam Jacob de Grebber, est parti un peu au-dessous de son estimation à 322 500 francs suisses.
Un autre bon résultat a été obtenu pour une paire de salières de Bogært (Ütrecht, 1624) à 322 500 francs suisses. Achetée en 1977 par le British Rail Fund pour 22 000 livres, et revendue 200 000 francs suisses en 1988, elle a cette fois-ci atteint un résultat des plus honorables.
La vente générale de Sotheby’s a fait de bons résultats, avec un total de 3 512 000 francs suisses pour un pourcentage de vendus de 81 %, notamment grâce à deux soupières autrichiennes, des pièces rares de l’orfèvre Joseph Ignaz Wuerth. D’une qualité comparable aux meilleures créations parisiennes de l’époque, elles ont trouvé preneur pour 443 500 et 289 500 francs suisses respectivement. L’argenterie française s’est mieux défendue qu’aux deux ventes précédentes, et l’italienne a remporté un franc succès.
La vente du 15 mai chez Christie’s était dominée par l’argenterie française, principalement moderne, et la maison Odiot, très présente, vantait ses produits actuels sur un stand, au milieu des salles d’exposition. Avec seulement 59 % de lots vendus et un résultat d’un peu plus de 3,5 millions, elle s’est avérée difficile.
Deux bons résultats sont cependant à noter : le lot le plus important de la vente, un gigantesque service (deux cent cinquante-neuf kilos !) de style Empire pour vingt-quatre personnes, réalisé par Odiot en 1920 pour un client égyptien, s’est vendu pour deux fois son estimation haute à 2 millions de francs ; et une coupe de 1560, encore une fois en forme de hibou, sans poinçon mais attribuée à l’orfèvre de Gand Jan de Naghel, a également atteint plus de deux fois son estimation à 256 500 francs suisses.
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Genève - Argenterie, résultats contrastés
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°15 du 1 juin 1995, avec le titre suivant : Genève - Argenterie, résultats contrastés