PARIS
Art Paris trace son chemin hors des grandes autoroutes de l’art contemporain, tout en renforçant cette année la place réservée à l’art moderne.
« Art Paris est le lieu opportun pour présenter des artistes que l’on a parfois du mal à mettre à l’honneur à la Fiac [Foire internationale d’art contemporain] ou à l’étranger », explique Anne-Claudie Coric, la directrice de la Galerie Templon qui mettra en avant, comme à l’accoutumée sur cette foire, la scène française avec des artistes tels Philippe Cognée ou Gérard Garouste. « C’est un salon qui a une dimension plus locale, plus régionale, accueillant essentiellement une clientèle française et européenne. C’est très différent de la Fiac, que ce soit dans l’offre ou dans le profil des visiteurs. Art Paris est inégale, mais c’est ce qui fait son intérêt pour nous. C’est une des rares foires où le visiteur peut venir en curieux et se faire l’œil. Les grandes foires internationales convergent toutes vers les mêmes 200/300 artistes. À Art Paris, il y a une plus grande diversité. » Et c’est bien là le défi que s’est lancé Guillaume Piens, son directeur artistique. « Nous ne voulons pas être une “sous-Fiac” ni une “contre-Fiac”, mais proposer autre chose, écrire une autre histoire ».
L’édition 2017 accueille 139 galeristes (contre 143 en 2016), soit un nombre stable depuis plusieurs années, avec un taux de renouvellement de 40 %. La part réservée aux enseignes françaises reste très largement majoritaire : elles sont 78, soit plus de 50 % du total.
Parmi les nouveaux entrants, Sobering présente des œuvres historiques mais aussi récentes, réalisées en papier d’affiches massicotées par l’artiste grec Pavlos. Autre nouveau, Nicolas Silin offre un solo show de Marcel Berlanger, comptant parmi les finalistes pour représenter la Belgique à la prochaine Biennale de Venise.
De retour après un an d’absence, la Galerie Maubert propose un stand autour de la notion de frontière avec le photographe Éric Guglielmi et Isabelle Ferreira. Françoise Paviot, qui participait l’an dernier pour la première fois, renouvelle l’essai, avec des photographies affichées à des prix très raisonnables et signées Bogdan Konopka, Ian Paterson ou Anna et Bernhard Blume. Autre enseigne de photographie, In Camera présente contre toute attente le peintre français très confidentiel MaxB.
Le choix du solo show
Habituée du salon, la galerie Les Filles du Calvaire consacre son stand au jeune Édouard Wolton, exposé en parallèle au Musée de minéralogie de Paris. « Nous optons systématiquement pour le solo show à Art Paris, souligne le codirecteur Stéphane Magnan. C’est une manière de focaliser le regard et d’être clairement identifiable par le public. Notre galerie défend deux axes : la photographie, que nous présentons à Paris Photo, et l’art contemporain, à Art Paris. » C’est également à un solo show que nous convie la Galerie Claude Bernard, qui dévoile une quarantaine d’encres sur papier exécutées en 2016 par le Prix Nobel de littérature Gao Xingjian. La Galerie La Forest Divonne propose une autre forme de méditation sur la nature et le paysage avec des acryliques et fusains d’Alexandre Hollan et des sculptures et installations réalisées à partir d’arbres par David Décamp.
Habitué des foires d’antiquaires où il figure en tant que spécialiste des arts décoratifs des années 1920-1930, Michel Giraud fait un pas de côté et présente quant à lui des œuvres d’art de sa collection personnelle, tels un Dennis Oppenheim et des têtes d’Ivan Messac en marbre noir de Messine.
Réserver de la place aux galeries de province demeure l’une des préoccupations de Guillaume Piens. On en dénombre cette année 14 contre 15 en 2016. Sont de la partie la Galerie des petits Carreaux (Saint-Briac-sur-Mer), Christophe Tailleur (Strasbourg), DX (Bordeaux)… ou encore le Lillois Cédric Bacqueville, qui, après avoir débuté dans la foire au sein du secteur « Promesses », a rejoint le secteur principal et propose cette année un stand autour de la lumière. Ce jeune galeriste, qui représente en général plutôt des artistes de sa génération, fait la part belle à un artiste de l’art cinétique âgé de 77 ans, issu de la génération de François Morellet. Il s’agit de Jam van Munster dont on a pu découvrir l’œuvre lors de l’exposition « Dynamo » au Grand Palais en 2013.
L’internationalisation s’accroît, passant de 22 pays représentés à 29, ceci en grande partie en raison du focus sur le continent africain [lire p. 28]. Même constat pour « Promesses » qui sera 100 % international avec 12 jeunes pousses étrangères, dont la moitié se tournent vers l’Afrique. Dans l’autre moitié, on trouve notamment la SODA Gallery (Bratislava) qui met à l’honneur Lucia Tallova. Nouveauté : un prix pour le secteur « Promesses » a été créé sous l’impulsion du collectionneur Denis Fizelier. Le gagnant sera exposé l’an prochain au Palais de Tokyo, à Paris.
Présence de collectionneurs belges
Dans le secteur principal, le poids lourd belge Guy Pieters (Knokke-Heist) revient avec Marcel Broodthaers et Jan Fabre. Après une participation au sein de « Promesses » en 2016, puis dans le secteur principal l’an dernier, la toute jeune équipe bruxelloise d’Archiraar explore quant à elle la thématique du double. On peut ainsi découvrir Caroline Le Mehauté, Takahiro Kudo ou Camille Leherpeur… « Cette foire nous offre une visibilité efficace juste avant l’intense période du mois d’avril à Bruxelles [avec la tenue des foires Art Brussels, Poppositions et Independent]. Le public est diversifié et nous retrouvons aussi les collectionneurs belges qui apprécient le parcours “à Paris, au printemps” », souligne son codirecteur Alexis Rastel.
Si Art Paris entend creuser son sillon loin des autoroutes de l’art contemporain, la foire n’échappe pas à la tendance générale, pour les événements tournés vers la création actuelle, à renforcer la place accordée à l’art moderne. On passe ainsi de 20 à 30 galeries d’art moderne, qui représentent dès lors 20 % du nombre total. « Pour gagner en lisibilité et rassurer les collectionneurs, il est important de tisser des liens avec l’art moderne », affirme Guillaume Piens. « Il y a tellement d’offre dans l’art contemporain qu’il faut le raccrocher à un fil historique, il faut donner des points de repères, des racines », souligne Diane Lahumière, qui confronte sur un stand tout en noir et blanc Félix Del Marle, Vasarely et Aurélie Nemours avec l’artiste contemporain, lauréat du prix Aurélie Nemours, Jean-François Dubreuil.
DIE Galerie (Francfort-sur-le-Main) revient après sept ans d’absence pour un dialogue entre des artistes surréalistes et la présentation d’un cabinet consacré au mouvement CoBrA. Ces deux mouvements se retrouvent chez Michel Descours (Lyon), primo entrant. Nouvel entrant également : la galerie amsterdamoise Frans Jacobs Fine Art fait dialoguer Geer van Velde et l’artiste anglais contemporain Graham Dean. Notons enfin l’arrivée de Natalie Seroussi qui présente les œuvres plastiques de deux poètes, Gil Joseph Wolman et Bernard Heidsieck, sur fond de diffusion en continu de leurs poèmes.
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Galeries, une sélection toujours aussi éclectique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°475 du 17 mars 2017, avec le titre suivant : Galeries, une sélection toujours aussi éclectique