PARIS
Les trois ouvertures de galeries, dont celle d’une enseigne américaine, et la création des nouveaux espaces de Templon et Lelong compensent à peine la fermeture de cinq marchands.
Paris. L’arrivée en 2018 à Paris de Freedman Fitzpatrick signe-t-elle une dynamique particulière de la situation des galeries parisiennes ? La galerie californienne opère dans deux lieux, un petit espace situé rue Saint-Bon dans le 4e arrondissement avec une programmation d’artistes prometteurs tels Matthew Lutz-Kinoy, Tobias Madison ou Stefan Tcherepnin ; et dans l’appartement de son codirecteur Robbie Fitzpatrick, boulevard de Strasbourg (10e arr.), avec des expositions visibles sur rendez-vous. « Nous bénéficions de beaucoup d’attention de la presse et nous avons plus de visites ici qu’à Los Angeles ! Cette année, nous avons moins bien vendu sur les foires et mieux en galerie, nos échanges avec les institutions ont favorisé le commerce », s’enthousiasme le galeriste.
Ce n’est pas la seule ouverture de galerie en 2018 à Paris. On en dénombre officiellement trois. Dans le prestigieux quartier Matignon, les deux frères, Alexandre et Richard Fleury, ont inauguré, dans l’ancienne galerie ArtFrance, la « A&R Fleury » avec une exposition monographique consacrée à Hans Hartung. Ils travaillaient jusqu’à présent avec leur père, qui dirige la Galerie Fleury à deux pas de là. Ils souhaitent se détacher de la programmation moderne « pour glisser vers du contemporain », et « proposer des expositions “curatées”, qui [leur] donneront accès aux foires ». La participation aux foires, nécessaire pour une galerie, est également une des raisons invoquées par Philippe Boutté, directeur de Magnin-A. Si André Magnin, spécialisé dans l’art africain, exerce depuis trente ans en tant que marchand et commissaire d’exposition, ce n’est qu’en octobre 2018 que l’espace physique Magnin-A (360 m2) a ouvert au 118 du boulevard Richard-Lenoir (Paris-11e), avec une programmation tournée vers les artistes contemporains africains.
Le mouvement devrait continuer en 2019 avec la création de la Galerie Etc. à la fibre minimaliste. De même, la toute jeune Pauline Pavec (23 ans), qui a déjà ouvert un showroom sur rendez-vous, s’établira dans le quartier Stalingrad dans le nord de Paris, où elle présentera à la fois des artistes historiques – en collaboration avec la galerie d’art moderne new-yorkaise Ubu – et des créateurs émergents.
Ce mouvement d’éloignement de l’hyper-centre, que l’on constate régulièrement depuis quelques années, a caractérisé l’année 2018. Anne de Villepoix a ainsi quitté le Marais pour Belleville tandis que la Galerie Bessières a pris ses quartiers sur l’île des Impressionnistes à Chatou (Yvelines), dans la Maison Levanneur, qui fut l’atelier de Derain et de Vlaminck et plus récemment la demeure du Cneai (Centre national édition art image). Dans un espace de 600 m2, ce couple de galeristes présente des artistes qui ne sont pas représentés en France. Un brin hybride, la galerie joue de la dimension culturelle en accueillant les scolaires et des conférences d’histoire de l’art.
En revanche, les « grandes galeries » continuent à investir dans les quartiers traditionnels. Deux enseignes historiques ont ainsi ouvert un second espace cette année, la Galerie Lelong & Co. (Paris, New York) et la Galerie Templon (Paris, Bruxelles). C’est au cœur du Marais, dans un bâtiment sur trois étages à la devanture new-yorkaise et à la verrière de style Eiffel, que le vétéran des marchands français, Daniel Templon, s’est installé, doublant ainsi sa surface d’exposition (totalisant 500 m2). Avec sa galerie sise rue Beaubourg, il propose un savant mélange d’artistes contemporains, comptant des historiques et d’autres, également établis mais plus jeunes. Dans le quartier Matignon, la Galerie Lelong & Co. a opté pour le « format vitrine », à 140 mètres du Bristol, dans l’ancien espace de Jérôme de Noirmont. « Dans notre galerie de la rue de Téhéran, les visiteurs ne rentrent pas par hasard. À Matignon, il y a plus de visites et d’achats immédiats, grâce à la clientèle des grands hôtels et palaces à proximité », explique Jean Fremon, son directeur. Le commerce se porte très bien pour ce poids lourd de la scène française qui propose régulièrement des expositions en concomitance avec les institutions, à l’instar de David Hockney en 2017 au Centre Pompidou ou de Joan Miró cette année au Grand Palais.
Pour autant, ces ouvertures de galeries ou de nouveaux espaces ne doivent pas masquer la situation préoccupante des galeries petites et moyennes. Triple V (2e arr.), la Galerie du Centre dans le Marais, la Galerie Leonardo dans le 19e ou encore les bellevilloises Bugada & Cargnel et Samy Abraham ont, elles, mis la clé sous la porte.
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Galeries parisiennes, le bilan 2018
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°513 du 14 décembre 2018, avec le titre suivant : Galeries parisiennes, le bilan 2018