En attendant le rendez-vous automnal de Paris Photo, les acheteurs ont apprécié la tenue de ventes aux enchères de photographies dans le contexte terne de Photo London.
PARIS - Le marché de la photographie se porte bien à Paris. Trois ventes fleuves se sont succédé du 22 au 24 mai dans la capitale française, à la suite de la foire Photo London. L’impact de ce salon n’a pas été négligeable pour ce marché. « J’ai reçu presque autant de marchands américains qu’au moment de Paris Photo, affirme Grégory Leroy, expert chez Artcurial. Le salon londonien était assez décevant et les professionnels qui avaient soif de belles images avaient encore des pécunes à dépenser à Paris. » Pourtant, le lot phare de la vente, le « Retable Lumière » composé de vingt-deux autochromes des Frères Lumière enchâssés dans trois panneaux et estimé 70 000 euros, n’a pas trouvé preneur. Une pièce difficile à exposer pour un collectionneur privé ! En revanche, les autochromes de Louis et Auguste Lumière, Jean-Baptiste Tournassoud ou ceux encore qui ont été réalisés par de talentueux anonymes sont bien partis, jusqu’à plus de 6 000 euros pièce. Ils ont souvent été acquis par des Américains, lesquels ont aussi jeté leur dévolu sur des images de Cartier-Bresson, à l’instar d’un tirage postérieur de Séville, enfants aux béquilles (1933), adjugé 8 015 euros, le double de son estimation. Dans une ambiance inégale, alternant la déception pour des tirages de Doisneau, le succès pour l’œuvre de Ronis et un certain attentisme sur le travail de Brassaï (dont la dispersion de la succession a été annoncée pour l’automne prochain à Drouot), la vacation s’est terminée sur quelques belles enchères contemporaines signées Roger Ballen ou Peter Hujar.
Pour sa vente inaugurale, Piasa a bien réussi son baptême du feu avec 72 % de lots vendus sur les 386 proposés. « Satisafait du résultat », Yves Di Maria, l’expert du nouveau département – qui distribuait des catalogues à Photo London quelques jours avant sa vente –, a accueilli « un public international d’Américains, de Sud-Américains, Suisses, Anglais et Allemands ». Sous le marteau animé de Delphine de Courtry, qui redonne un sérieux coup de jeunesse à Piasa, Nu dans les algues à Saint-Tropez, 1981, d’Helmut Newton, la pièce vedette, a été vendue 72 199 euros. Le Combat, 1937, une composition solarisée de Raoul Ubac appartenant à la série « Penthésilées » et estimée 12 000 euros, a été emportée à 21 060 euros et La Tour Eiffel (détail à l’étoile), Paris, 1927 par Germaine Krull a été cédée pour 14 440 euros. Notons encore que toutes les chronophotographies d’Étienne-Jules Marey ont remporté un vif succès, ainsi Zootrope dans lequel sont disposées dix images en relief d’un goéland dans les attitudes successives d’un vol, 1887, qui s’est envolé à 18 050 euros. Enfin à Drouot, une vente plus modeste menée par Yann Le Mouël et son expert Viviane Esders offrait aux amateurs un large choix de clichés à moins de 5 000 euros. Intersection, Knoxville, Tennessee, 1952, du photographe allemand Umbo, estimé 8 000 euros, qui faisait la couverture du catalogue, et un portfolio de 1997 de Bettina Rheims, estimé 15 000 euros, n’ont pas été vendus. Deux images de Brassaï, adjugées 7 440 et 8 160 euros, ont fait les meilleurs prix.
Artcurial - Expert : Grégory Leroy - Résultat : 400 980 euros - Lots vendus : 44 % - Nombre de lots vendus/ravalés : 132/167 Piasa - Expert : Yves Di Maria - Résultat : 469 900 euros - Lots vendus : 72 % - Nombre de lots vendus/ravalés : 179/107 SVV Le Mouêl - Expert : Viviane Esders - Résultat : 261 300 euros - Lots vendus : 56 % - Nombre de lots vendus/ravalés : 171/135
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Frémissements parisiens
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°239 du 9 juin 2006, avec le titre suivant : Frémissements parisiens