PARIS
Axée sur les paysages et les petits formats noir et blanc, l’exposition réactive une collaboration de début de carrière.
Paris. C’est Maeght Éditeur, rappelons-le, qui publia les deux premiers ouvrages de Françoise Huguier. Depuis, Sur les traces de l’Afrique fantôme (1990) et En route pour Behring (1993) font référence, et certaines de leurs photographies se sont inscrites dans les mémoires. Ils ont été aussi des impulseurs de carrière : par deux fois Françoise Huguier a été lauréate de la Villa Médicis hors les murs pour ces travaux, et En route pour Behring lui a valu un World Press Photo. La photographe a poursuivi par la suite son itinéraire avec les éditions Actes Sud (Arles) et l’agence VU. L’exposition que lui consacre actuellement la Galerie Maeght est donc pour le moins chargée de sens.
« C’est Alain Veinstein, directeur des éditions, qui un jour nous a parlé de Françoise et de son travail formidable sur l’Afrique à partir du livre de Michel Leiris [« L’Afrique fantôme », 1934]. On a regardé avec mon père et on a fait le livre », raconte Isabelle Maeght. Une présentation, plus qu’une exposition, avait alors été organisée. « Aucune photographie n’était à vendre », précise-t-elle. Seules l’étaient les phototypies de quatre photographies tirées à 75 exemplaires parmi lesquelles le fameux Pêcheur Boso sur le Niger, vu de dos dans sa barque, que l’on retrouve aujourd’hui en vitrine, affiché à 800 euros (76 x 56 cm), mais aussi sur les cimaises de la galerie, dans son tirage d’origine (vintage de 1990, tiré en 17 x 27 cm sur papier Agfa Brovira, 2 000 €).
Des « Horizons » resserrés
Le choix, pour cette exposition, de retenir principalement des photographies de paysages et des petits tirages en noir et blanc prend à contre-pied la vision d’une œuvre régulièrement présentée en grand ou moyen format et axée autour des portraits et de la couleur. Le thème des « Horizons » fait écho au paysage dans l’œuvre de la photographe. « J’ai passé mon enfance au Cambodge dans une plantation de caoutchouc, où les arbres sont alignés sans horizon visuel. Puis dans la jungle, où il n’y a pas non plus de perspective. Lors de mes premiers voyages en Asie, notamment en Indonésie, je n’ai eu de cesse de chercher l’horizon, de respirer l’horizon. Le paysage à perte de vue, c’est un sentiment de liberté », écrit Françoise Huguier dans le texte d’accompagnement de l’exposition.
Le retour aux archives et aux planches-contacts est l’occasion de montrer des tirages inédits d’une grande délicatesse. Les vintages issus du travail sur « l’Afrique fantôme », ceux liés aux voyages en Asie, en Europe ou au Mexique révèlent de fait une gamme de gris subtile. Les horizons sont souvent contenus, resserrés. Dans la luxuriance du jardin du palais de Marbre à Calcutta, un lion en pierre veille aux allées et venues des hôtes de ces lieux. Non loin, un baobab tentaculaire développe en pays Dogon ses ramages dans un paysage de roches refermé sur lui-même.
Les prix de la soixantaine de tirages présentés s’échelonnent entre 1 500 et 8 000 euros. Ce dernier prix concerne le seul grand format couleur de l’accrochage, celui d’une piscine bondée à Tokyo réalisé en 1980 et tiré en 2014 (130 x 190 cm, 2 exemplaires).
Françoise Huguier, Horizons, jusqu’au 2 juin, Galerie Maeght, 42, rue du Bac, 75007 Paris.
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Françoise Huguier retrouve la Galerie Maeght
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°501 du 11 mai 2018, avec le titre suivant : Françoise Huguier retrouve la Galerie Maeght