FOCUS : Antide Janvier - Régulateur de parquet (1812 et avant)

Trois horloges d’Antide Janvier (1751-1835), un des horlogers les plus brillants de son époque avec Breguet, sont présentées dans cette vente, dont un rare régulateur de parquet de quinze jours de marche. La somme de ses complications, sa qualité esthétique et sa finition confèrent le statut de pièce de musée à cette horloge d’époque Empire, dotée d’un mécanisme à trois mouvements et estimée 400 000 euros minimum. Ce régulateur avait été montré lors de l’exposition « Chefs-d’œuvre de l’horlogerie » au Musée du conservatoire national des arts et métiers, à Paris en 1949. De chaque côté du cadran en émail blanc signé Janvier, des plaques argentées portent l’inscription (à gauche) « Offerte à A. F. J. Lhuillier par son Ami le 1er janvier M.DCCCXII » et (à droite) « Composée & Exécutée Par A. Janvier au Palais des Beaux-arts », indiquant sa livraison en 1812 à un dédicataire dont l’identité reste mystérieuse, d’autant plus que Lhuillier est un nom relativement courant à Paris à cette époque.

 Émaux remarquables
« Il faut souligner la grande qualité des émaux qui, s’ils ne sont pas signés, sont certainement l’œuvre d’un grand émailleur », note l’expert Anthony Turner, désignant la face de la lentille du balancier ornée d’une plaque en émail polychrome représentant les attributs de l’astronomie, de la géométrie, de la musique et de la médecine sur fond bleu roi, mais aussi la figure de la lune, représentée de façon réaliste sur un fond bleu, sur le cadran principal. « La représentation cartographique de la lune est exceptionnellement rare en horlogerie, souligne-t-il. La source, pour l’émailleur de ces cadrans, peut être la carte de la lune figurant dans L’Astronomie de Jérôme de Lalande, ami de Janvier. Certes, la réduction d’échelle a entraîné un certain manque de détails et de précision, mais on peut toujours reconnaître, sur le cadran de Janvier, plusieurs traits caractéristiques de la topographie lunaire. En haut, au centre, on voit Tycho, à la droite l’Insula sinus medii, puis Copernic et Kepler. En bas, au centre se trouvent Eudoxe et Aristote et à gauche la Mer sérène. Au-dessus, et un peu à gauche se trouve la Mer tranquille avec, à gauche, la Mer féconde et la Mare crisium avec Snellius et Furnerius au-dessus. Avec à peine 5 centimètres de diamètre, cette carte est un très rare et remarquable exemple de l’art de l’émailleur ».  Armelle Malvoisin