Tajan célèbre les arts décoratifs et réunit le XVIIIe et les années 1940 en une même vente de prestige, au lendemain de la réouverture du Musée des arts décoratifs.
PARIS - La mode des intérieurs « total look » est depuis longtemps complètement révolue. La tendance aujourd’hui, c’est le mélange des genres et des époques. La maison Tajan suit cette évolution en organisant une vente de prestige sur le thème des arts décoratifs du XVIIe siècle à nos jours, le 20 septembre. Une date qui anticipe la saison des enchères parisiennes, mais qui s’appuie sur la réouverture du Musée des arts décoratifs (lire p. 4) et la tenue au Grand Palais de la Biennale des antiquaires (lire p. 20). La difficulté était de réunir une marchandise de qualité
immédiatement après les grandes ventes de juin. Le spécialiste en mobilier du XXe siècle, Jean-Jacques Wattel, a chapeauté l’opération avec les autres départements de Tajan, parfois réticents à lâcher à ce spécialiste de la modernité leurs dernières et précieuses découvertes issues des temps anciens.
Éclectisme
Au final, si l’équilibre des styles et des époques n’est pas parfait, la qualité est au rendez-vous. La vente est fortement marquée par le néoclassique des années 1940. Le XVIIIe manifeste son importance par quelques très beaux meubles. On regrettera cependant la présence de tableaux anciens, qui, de même que certains objets d’art, ne semblent être là que pour « meubler ». Mais l’ensemble fonctionne. « C’est vrai qu’il y a beaucoup de 1940, notamment une collection de pièces de Gilbert Poillerat et d’André Arbus. J’ai fait appel aux tableaux en renfort pour maintenir un certain quota de lots XVIIIe. Pour respecter l’esprit de la vente, la couverture du catalogue est illustrée par le dessus d’un guéridon qui pourrait symboliser n’importe quelle période », explique Jean-Jacques Wattel.
Les poids lourds de la vente restent les pièces XVIIIe. Un bureau plat attribué à André Charles Boulle, en placage d’écaille brune, laiton, ébène, avec un décor de bronzes ciselés et dorés (ill. p. 37), presque identique à celui du Musée du château de Chantilly et estimé 700 000 euros à 1,2 million d’euros rivalise avec une rare paire de commodes en laque de Chine. Avec son décor or et polychrome de phoenix, chrysanthèmes, papillons, oiseaux et échassiers, d’époque Louis XV, estampillé Deforge, celle-ci est estimée 800 000 euros à 1,2 million d’euros. « Ce sont trois meubles d’exception, bien conservés, pouvant se glisser dans un univers contemporain », commente l’expert Marie de La Chevardière, du cabinet Le Fuel et de L’Espée. Pour le XXe siècle, on notera de Poillerat une paire de consoles en fer battu, estimée 130 000 euros ; une suite de quatre chaises modèle Ananas, estimée 35 000 euros, et une spectaculaire paire d’appliques cosignée Poillerat et Androusov, estimée 42 000 euros. D’Arbus, relevons une paire de consoles néoclassiques en merisier, créée en 1954-1955 pour la salle du conseil de la Chambre syndicale de la sidérurgie française à Paris et estimée 140 000 euros ainsi qu’une autre paire de consoles (en collaboration avec Sain & Tambuté) avec piètement en bronze et tablettes de panneaux de bois recouverts de laque nuagée verte, estimée 50 000 euros. Un ensemble résolument éclectique.
Vente le 20 septembre à 19 heures à l’espace Tajan, SVV Tajan, 37, rue des Mathurins, 75008 Paris, tél. 01 53 30 30 30 ; exposition publique : du 7 au 19 septembre 10h-18h (fermée le week-end du 9-10 septembre, ouvert le week-end du 16-17 septembre 11h-18h), www.tajan.com
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Florilège décoratif
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Abonnez-vous dès 1 €- Experts : Jean-Jacques Wattel (XXe siècle), Cabinet Le Fuel et de L’Espée et Jacques Saint-Bris (mobilier et objets d’art du XVIIIe), Cabinet Turquin-Mauduit-Étienne (tableaux anciens), Georges et Louis Lefebvre (céramiques), Christian Raud (haute époque), Chantal Beauvois (orfèvrerie) - Estimation : 5 millions d’euros - Nombre de lots : 161
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°242 du 8 septembre 2006, avec le titre suivant : Florilège décoratif