Foire & Salon

Florence Bourgeois : « Paris Photo est là pour servir l’écosystème de la photographie »

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 25 octobre 2022 - 1083 mots

PARIS

La directrice de Paris Photo aborde la 25e édition de la foire photographique la plus importante au monde avec sérénité.

Florence Bourgeois, directrice de Paris Photo © Photo Jérémie Bouillon
Florence Bourgeois, directrice de Paris Photo
© Photo Jérémie Bouillon
La 25e édition de Paris Photo : qu’est-ce que cela représente pour vous ?

C’est une édition anniversaire qui ancre le positionnement de Paris Photo de manière significative sur le marché. Paris Photo est devenue un rendez-vous incontournable dans le calendrier des collectionneurs, des institutions, des commissaires, des partenaires et des amateurs, qui viennent et qui reviennent durant une semaine au Grand Palais éphémère. Mais Paris Photo est également importante pour le grand public qui peut se faire plaisir en achetant une œuvre à partir de 800 ou de 1 000 euros, ou encore un livre. Le livre photographique fait vraiment partie de l’ADN de la foire. C’est un secteur important qui apporte une dynamique particulière. Cette année, nous accueillons 32 éditeurs venus de 9 pays. Grâce à eux, nous aurons plus de 300 signatures d’artistes durant la foire.

Dans quel état d’esprit êtes-vous à la veille de l’ouverture ?

Nous sommes confiants. Il y a une vraie dynamique autour de Paris Photo, que nous avons ressentie l’an passé autour de l’appel d’offres lancé par la RMN – Grand Palais. Tout l’écosystème était solidaire de Paris Photo et des événements périphériques qu’elle draine. Nous sommes également heureux de voir les Américains revenir cette année, avec 32 galeries nord-américaines. Nous avons par ailleurs la chance de recevoir Rossy de Palma en invitée d’honneur, ce qui apporte un autre regard sur la foire. Cela nous galvanise !

Redoutez-vous les conséquences du contexte économique international ?

On ne peut pas faire fi du contexte mais, pour l’instant, le marché de l’art résiste bien. Les incidences de la crise économique restent mesurées, même si les préoccupations sont nombreuses. De notre côté, Paris Photo est là pour servir l’écosystème. Malgré l’inflation et la hausse des tarifs de nos sous-traitants, nous pratiquons une politique tarifaire très mesurée envers nos exposants, avec une augmentation du coût des stands de l’ordre de 2 à 3 % seulement. Le coût d’un stand varie, selon sa taille, de 15 000 à 40 000 euros. Quant au secteur Curiosa, dédié à l’émergence, les exposants ont accès à la foire pour moins de 10 000 euros.

Après avoir essuyé les plâtres au Grand Palais éphémère en 2021, comptez-vous changer de formule cette année ?

Nous n’avons pas vraiment « essuyé les plâtres ». Dès la première année, le Grand Palais éphémère a reçu un nombre d’avis favorables très impressionnant. Le format plus petit du Grand Palais éphémère, comme l’opacité de la structure propice à la photographie, a plu aux visiteurs et aux exposants. De même, la structure Eiffel que nous avions installée dans le prolongement du Grand Palais éphémère pour y accueillir les partenaires, le secteur Curiosa et les éditeurs, a créé une dynamique incroyable. L’implantation ne change donc pas cette année, ou à la marge. Ce qui change, en revanche, ce sont les galeries, dont un quart ont été renouvelées, avec 33 nouvelles participations.

Quels sont les temps forts de l’édition 2022 ?

Avec seize projets retenus sous le commissariat de Holly Roussell, Curiosa fait partie des temps forts. Dans le secteur principal, nous avons sélectionné 134 galeries venues de 29 pays. Nous poursuivons également, en partenariat avec le ministère de la Culture et le soutien de Kering, le programme Elles X Paris Photo, destiné à promouvoir la visibilité des femmes photographes. La commissaire Federica Chiocchetti a choisi 77 artistes femmes parmi les galeries et, nouveauté cette année, parmi les éditeurs.

Quel bilan tirez-vous de ce programme ?

Elles X Paris Photo a été lancé en 2018. Il y a cinq ans, les artistes femmes représentaient 20 % sur la foire. Aujourd’hui, nous sommes à un tiers de femmes photographes. Nous sommes sur la bonne voie !

Quels sont vos coups de cœur cette année ?

C’est une question très compliquée. Je suis toujours intéressée par les photographies qui sont traitées de manière unique et sur le travail qui est fait sur le médium lui-même : les photographies vernaculaires cousues et retravaillées, et celles proches de l’Art brut – je pense aux stands de Sage (Paris) et de Christian Berst (Paris) cette année. Ensuite, il y a des stands que j’aime visiter chaque année, comme celui de Lumière des roses (Montreuil) conçu comme chaque fois comme un cabinet de curiosités ; celui de Hans Kraus (New York), qui amène des photographies du XIXe toujours très émouvantes… Autrement, j’ai hâte de découvrir certains accrochages, comme celui de la galerie Rolf Art (Buenos Aires), qui présente un solo d’Adriana Lestido, celui de Suzanne Tarasieve (Paris), qui expose Boris Mikhaïlov, ou celui de Julian Sander, dont les accrochages sont toujours irréprochables. Je n’oublie pas Rosalind Fox Solomon qui vient participer, à 92 ans, à une conversation durant la foire. Un très grand nombre de projets m’intéressent !

Deuxième édition pour la Online Viewing Room. Ce modèle est-il l’avenir de Paris Photo ?

C’est un modèle qui a suscité beaucoup d’attentes au moment des confinements. Mais nous avons constaté, l’an passé, un vrai désir de se retrouver, physiquement, sur la foire. Online Viewing Room est un modèle complémentaire : il permet aux galeries qui ne peuvent pas venir de participer à Paris Photo, comme aux collectionneurs de se déplacer virtuellement.

L’écologie, l’augmentation des coûts de transport… peuvent-ils changer la donne des foires ?

La question que l’on peut se poser est : les foires ne deviendront-elles pas de plus en plus locales ? Mais cette question ne concerne pas Paris Photo, dont la vocation est internationale – même avec 31 % de galeries françaises. Concernant la hausse des coûts de transport, un galeriste et éditeur japonais a, par exemple, beaucoup hésité à faire Paris Photo cette année. Heureusement, il sera présent et nous en sommes vraiment enchantés, même s’il a dû faire le choix de ne présenter que son travail d’éditeur.

L’arrivée de Paris+ par Art Basel à la place de la Fiac, dont vous êtes aussi la directrice, est-elle de nature à impacter Paris Photo ?

Avec la Fiac, qui appartient au même groupe que Paris Photo, RX France, nous avions la chance de pouvoir mutualiser le Grand Palais, ce qui nous permettait de faire des économies d’échelle – système que nous essayons de poursuivre, de façon intelligente, avec Paris+. Mais la Fiac et Paris Photo ont une identité très différente. Si la perte du Grand Palais pour la Fiac a été un choc pour le groupe, cela n’impacte pas Paris Photo.

Paris Photo,
du 10 au 13 novembre 2022. Grand Palais éphémère, Champ-de-Mars, place Joffre, Paris-7e. Du jeudi au samedi: de 13 h à 20 h, le dimanche de 13 h à 19 h. Tarifs : 30 à 15 €. www.parisphoto.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°759 du 1 novembre 2022, avec le titre suivant : Florence Bourgeois : « Paris Photo est là pour servir l’écosystème de la photographie »

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