Spécialisée dans les peintures, sculptures et dessins italiens du XVIe au XXIe siècle, la galerie Maurizio Nobile, à Paris, propose une exposition singulière, construite à partir des récits d’infidélités et de dévouements mis en scène dans les œuvres, un thème transversal et universel.
PARIS - D’après Laura Marchesini, directrice de la galerie Maurizio Nobile de Bologne, « ce sujet n’a jamais vraiment été traité en art puisque, à l’origine, ce qui motive l’artiste, ce n’est pas tant la trahison ou la fidélité que la narration d’un sujet érotique ou amoureux, comme dans les Métamorphoses d’Ovide. Or c’est cette face cachée qui nous a interpellés. Nous avons donc mis en relief ce rapport fidélité/trahison dans les histoires racontées par les œuvres présentées ».
Cette clef de lecture pourrait séduire de nouveaux clients, « dans un marché difficile, soumis à deux contraintes auxquelles nous essayons de coller : qualité et bon état de conservation des œuvres, souligne Laura Marchesini. La crise a en effet des avantages car les gens ont peur de laisser leur argent à la banque alors ils s’adressent à nous pour investir. Et là, ces deux exigences sont indispensables pour garantir un bon investissement ».
La trahison, la plus forte
À travers une quinzaine d’œuvres, dont les prix vont de 25 000 à 450 000 euros, l’exposition explore les infidélités et actes de dévouement dans la mythologie, puis dans le christianisme. Elle évoque d’abord la force de l’Amour, ici représenté par Vénus endormie, de Giovan Giacomo Sementi. Puis l’adultère, à travers un fusain de Gaetano Gandolfi, Vénus pleurant la mort d’Adonis, tué à la chasse par un sanglier envoyé par Mars, l’amant jaloux. La trahison pure est relatée au travers des célèbres infidélités de Jupiter envers Junon, avec L’Enlèvement d’Europe, de Francesco Monti et Nunzio Ferrajoli, ou Mercure et Argos, de Giovanni Battista Langetti : Mercure est envoyé par Jupiter pour endormir le géant aux cent yeux assigné par Junon à la garde de Io, convoitée par Jupiter. Quant à la fidélité dans la mythologie, elle est mise à l’honneur dans La Mort de Lucrèce, de Pietro Dandini, qui, violée, se tue pour ne pas être accusée d’adultère.
La trahison est également centrale dans le christianisme : Judas n’a-t-il pas trahi Jésus ? (Flagellation du Christ, de Scarsellino). Il en va de même de la fidélité conjugale ébranlée que peint Battistello Caracciolo dans Joseph et la femme de Putiphar (450 000 euros), lorsqu’il refuse les avances de l’épouse de son maître. Parfois même, on trahit au nom d’une fidélité plus grande, en l’occurrence à la mère dans Salomé reçoit la tête de saint Jean-Baptiste, du Maître de l’incrédulité de saint Thomas (Jean Ducamps ?).
À bien y regarder, il existe un déséquilibre certain entre l’intérêt accordé au thème de la trahison par rapport à celui de la fidélité…
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Fidélité / Trahison, Maurizio Nobile explore les passions amoureuses dans la peinture ancienne
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Abonnez-vous dès 1 €jusqu’au 21 décembre, galerie Maurizio Nobile, 45, rue de Penthièvre, 75008 Paris, tél. 01 45 63 07 75, www.maurizionobile.com, du mardi au samedi 11h-19h.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°401 du 15 novembre 2013, avec le titre suivant : Fidélité/Trahison