Feuilles à l’appel

PARIS - Dans le cadre de la semaine du dessin (lire p. 16), cinq maisons de ventes organisent des vacations spécialisées les 9 et 10 avril, soit plus de 1 100 feuilles offertes aux amateurs. Une moisson parisienne d’autant plus riche qu’Artcurial s’est jointe cette année aux quatre protagonistes habituels, sous la responsabilité du jeune commissaire-priseur Matthieu Fournier, assisté des incontournables experts parisiens du Cabinet de Bayser. La maison de ventes signe là un retour remarqué dans les arts anciens. Car elle présente sans doute la plus belle vacation de la saison, alliant la qualité aux provenances Veil-Picard, Léon Ferté et Louis de Launay, trois collections qui n’étaient pas passées en vente depuis le début du XIXe siècle. Témoignage historique et culturel de grande importance, Le Couronnement de Voltaire au théâtre français, le 30 mars 1778 de Gabriel de Saint-Aubin représentant le philosophe en pleine apothéose, deux mois seulement avant sa mort, est estimé 40 000 euros. « Il est à rapprocher d’un croquis préparatoire et d’une aquarelle, tous deux conservés au Cabinet des dessins du Musée du Louvre », indique l’expert Patrick de Bayser. Également estimée 40 000 euros la paire, deux gouaches aquarellées montrent Le Jardin de Bagatelle peu de temps après la construction du célèbre pavillon pour le comte d’Artois, futur Charles X. L’une figure Le Pont chinois, et la seconde La Cascade, tels qu’on pouvait les voir au XVIIIe siècle. Notons encore une Vue des terrasses de la Villa Mattei, aquarelle réalisée par Hubert Robert en 1760 et estimée 25 000 euros, ainsi que quatre dessins de Prud’hon : Amour ramant, au sfumato velouté, soit une étude pour le tableau Le Rêve du bonheur, estimé 20 000 euros ; La Reine Hortense et ses deux enfants dans un parc, estimé 30 000 euros ; Psyché et Amour, dessin préparatoire pour le bras du fauteuil de l’impératrice Marie-Louise et l’un des rares témoignages du mobilier offert par la Ville de Paris (détruit en 1834) à Marie-Louise à l’occasion de son mariage avec Napoléon Ier et Le Naufrage de Virginie, seul dessin manquant de l’album original de Paul et Virginie ayant appartenu à l’auteur Bernardin de Saint-Pierre (aujourd’hui conservé à la Bibliothèque Nationale), estimés 10 000 euros chacun.
À côté d’un joli ensemble de feuilles anciennes telle la Visite de l’Empereur Henry III à la villa Contarini au crayon rehaussée de blanc par Giandomenico Tiepolo, estimé 20 000 euros, la maison Tajan propose 123 lots de dessins modernes parmi lesquels une œuvre datée de 1944 aux crayons de couleur, crayon et frottages sur papier-calque, signée Lázló Moholy-Nagy et estimée 20 000 euros, et une Composition (1960) à la gouache sur papier de Sonia Delaunay, estimée 10 000 euros. Sous la houlette de sa nouvelle spécialiste Ketty Gottardo, Christie’s proposera notamment une série de huit dessins par Pierre Fontaine et Charles Percier, provenant de l’ancienne collection Symphorien Louis Meunié (architecte et gendre de Fontaine) et conservée par ses descendants jusqu’à présent, dont une Vue de la Salle d’Auguste au Musée du Louvre, à la craie noire et aquarelle sur papier, estimé 20 000 euros. Notons encore à Drouot, chez Piasa, La Concorde et la Paix (1598), dessin de jeunesse de Hendrick Goltzius estimé 30 000 euros, et Le Grand Monarque, dessin du vaisseau-amiral de la flotte royale de Louis XIV, réalisé par Pierre Puget en 1668 et estimé 12 000 euros. Enfin, toujours à Drouot, une petite vente de charme se dessine chez Thierry de Maigret.