Ventes aux enchères

Expo Raynaud, tout doit disparaître

Par Roxana Azimi · L'ŒIL

Le 1 octobre 2006 - 391 mots

Les jeux des vases communicants,  entre les expositions en musée et les ventes publiques, sont monnaie courante.

La vente de la collection de photos de Claude Berri en 2005, chez Christie’s, prolongeait la présentation deux ans plus tôt de cet ensemble à Arles. L’exposition « L’Art au futur antérieur » en 2004 au musée de Grenoble a aussi précédé la vente de la collection des
galeristes Michel et Liliane Durand-Dessert chez Sotheby’s l’an dernier.

La dispersion chez Christie’s le 27 octobre de 80 œuvres de Jean-Pierre Raynaud, issues de sa collection personnelle apporte une nouvelle pierre à cette stratégie. Grande première, l’annonce de la vente a cette fois coïncidé avec l’exposition de ces œuvres au MAMAC de Nice, de mars à septembre dernier.

Cette décision, aussi radicale que suicidaire de la part de Raynaud, peut s’interpréter comme un geste artistique. Une mise en danger d’un marché aussi, car peu de cotes résistent à un tel déferlement d’œuvres proposées entre 1 000 et 60 000 euros. La démarche peut surprendre car l’artiste vit parfaitement de son art. Mais elle rentre dans le droit-fil d’un autre geste, celle de la destruction en 1993 de sa maison de La Celle-Saint-Cloud, élaborée à partir de 1969 comme un cocon protecteur, mieux une œuvre à part entière. « Je me suis dit que ces œuvres doivent vivre leur vie, au contraire d’artistes qui bâtissent leur futur par des fondations », explique Jean-Pierre Raynaud. Et d’ajouter : « Plaire, je ne sais pas. Ce n’est pas ma nature. J’ai envie de violenter le milieu de l’art. »

Faut-il pour cela qu’un musée prête main-forte à une opération commerciale en se transformant en showroom de Christie’s ? « Cette idée-là n’est jamais venue avant que l’accrochage ne soit totalement achevé », insiste Gilbert Perlein, directeur du MAMAC. Selon lui, le fait que la vente se déroule sans prix de réserve et qu’elle ne soit pas fractionnée en plusieurs volets désamorce toute perspective commerciale.

L’annonce de cette vacation a pourtant provoqué l’arrivée d’une nouvelle catégorie de visiteurs au musée. « J’ai emmené des collectionneurs importants au MAMAC, alors qu’ils n’y seraient jamais allés sans la vente », indique Caroline Smulders, consultante pour la vente. Échange de bons procédés ?

Raynaud sans réserve, le 27 octobre 2006, Christie’s, 9, avenue, Matignon, Paris VIIIe, tél. 01 40 76 85 85, www.christies.com

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°584 du 1 octobre 2006, avec le titre suivant : Expo Raynaud, tout doit disparaître

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque