Si l’on s’interroge beaucoup sur les droits à l’image des pays de l’OCDE, schématiquement les plus développés économiquement, les mêmes droits semblent largement ignorés lorsqu’il s’agit d’utiliser des images issues d’autres États. Un récent colloque au Sénat a été l’occasion d’une digression sur cette question.
PARIS - Au cours d’un colloque sur la protection des biens culturels africains, organisé le 28 mars dernier au Sénat à l’initiative de Jacques Legendre, il a surtout été question de l’exode massif des traces matérielles de la culture africaine pendant la période coloniale et des moyens de préserver le peu qui reste sur place.
Le patrimoine immatériel a également été évoqué, non seulement celui qui est le reflet de l’histoire (langues, contes, musiques, danses, etc.), mais également la création actuelle. Au travers d’une communication de la délégation interministérielle à l’innovation sociale et à l’économie sociale, Christine Damiguet-Arnal a fait remarquer que “faute de bénéficier d’une protection juridique adaptée, les dessins et modèles des artisans africains sont copiés et spoliés.”
Pour tenter de limiter cette piraterie d’un nouveau genre – d’autant plus destructrice qu’après avoir pillé les images, elle les réinjecte avec des “armes industrielles” sur les marchés internationaux, détruisant les débouchés de l’artisanat africain –, une action pilote a été entreprise avec le Burkina Faso. L’opération vise à mettre en place une protection des dessins et modèles des artisans africains. Outre un inventaire des dispositifs nationaux de protection intellectuelle, les premières étapes visent en particulier le recensement des produits artisanaux représentatifs du design et de la tradition les plus menacés, la mise en place de labels de provenance protégés, d’actions de formation et d’information ainsi que la constitution de coopératives et d’associations permettant une action collective.
Le dénuement de l’Afrique aurait pu la mettre au moins à l’abri des autoroutes collatérales de l’information. En ce qui concerne le droit à l’image, ce n’est donc déjà plus le cas.
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Ethnique donc libre de droits !
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°170 du 2 mai 2003, avec le titre suivant : Ethnique donc libre de droits !