Essor du contemporain

Les dernières ventes de Londres confirment la tendance

Le Journal des Arts

Le 8 janvier 1999 - 519 mots

Les dernières ventes de fin d’année à Londres n’ont pas été favorables aux tableaux impressionnistes. Le manque d’œuvres de qualité a détourné les acheteurs vers le marché de l’art contemporain en plein essor, comme en témoignent deux belles ventes chez Sotheby’s et Christie’s.

LONDRES (de notre correspondante) - Délaissant les tableaux impressionnistes, les acheteurs se sont rués sur l’art contemporain, les 8 et 9 décembre à Londres. La pénurie d’œuvres impressionnistes de qualité ayant découragé les amateurs, les ventes londoniennes se sont révélées désastreuses, avec bon nombre d’invendus tel le Joueur de guitare de Gauguin, estimé 2-3 millions de livres sterling, chez Sotheby’s le 7 décembre. De leur côté, les jeunes collectionneurs montrent de plus en plus d’intérêt pour la création contemporaine.

Deux ventes de fin d’année ont confirmé cette tendance : celle de Sotheby’s, le 9 décembre, a enregistré 10,09 millions de livres (94,3 millions de francs), le montant le plus élevé pour une vente d’art contemporain depuis 1990, grâce aux prix exceptionnels atteints par deux œuvres de Lucian Freud et Gerhard Richter qui ont réalisé à elles seules 5,034 millions de livres (47 millions de francs), près de la moitié du produit total. Les pièces intermédiaires se sont également bien vendues, et 41 lots sur 53 ont trouvé preneur. Pour Martin Summers, directeur de la Lefevre Gallery, “les résultats de cette vente prouvent que les amateurs sont prêts à enchérir haut pour des œuvres rares et de qualité”. Le 8 décembre, Christie’s mettait en vente la collection Charles Saatchi. Grâce à une intense campagne médiatique, beaucoup de nouveaux acheteurs ont été séduits par la provenance des pièces et la personnalité du vendeur. D’un commun accord avec Saatchi, les estimations étaient volontairement fixées bien en dessous des prix marchands. Enfin, 12 œuvres majeures sur les 130 proposées ont joué un effet de levier dans cette vente à succès, où 85 % des lots ont été vendus. Grosse Geister de Thomas Schütte était la pièce la plus importante. Estimée 80-120 000 livres, elle a fait le meilleur prix, 139 000 livres (1,3 million de francs). Le produit de la vente de la collection ira intégralement à des bourses distribuées à une nouvelle génération d’étudiants en art. Mais ce geste en apparence si généreux cache une attitude peut-être intéressée : Charles Saatchi sera le premier à pouvoir mettre la main sur les nouveaux talents qui émergeront des quatre écoles d’art bénéficiaires. Par sa détermination à arriver le premier et à acheter de l’art en quantité, il a acquis nombre d’œuvres à un coût dérisoire, créant ainsi un manque sur le marché. C’est dans ce contexte qu’il faut considérer les prix atteints par les œuvres de Jenny Saville, Ron Mueck, Rachel Whiteread, Damien Hirst et Gary Hume, qui figurent en beaucoup plus grand nombre dans la collection Saatchi que dans toute autre au monde. Le marché de l’art contemporain est capricieux et spéculer dans ce domaine est un jeu dangereux, mais la réputation d’artistes de renommée internationale comme Rachel Whiteread ou Damien Hirst, dont quelques pièces figuraient dans cette vacation, semble maintenant inébranlable et leur cote est sur une courbe ascendante.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°74 du 8 janvier 1999, avec le titre suivant : Essor du contemporain

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