La galerie Balice Hertling, qui représente l’artiste italien depuis 2017, a accroché quelques-unes de ses peintures récentes.
Paris. En 1986, Enzo Cucchi, alors âgé de 37 ans, fut le plus jeune artiste exposé par le Guggenheim Museum de New York. La même année, le Centre Pompidou lui consacrait également une exposition monographique. Considéré à l’époque comme le plus radical des artistes liés à la Trans-avant-garde italienne – aux côtés de Sandro Chia, Francesco Clemente, Mimmo Paladino… –, il était pourtant le moins enclin à rechercher une reconnaissance internationale. Installé entre Rome et Ancône en Italie, où il est né, l’artiste a depuis 2017 intégré la galerie parisienne Balice Hertling, qui présente son deuxième solo show.
Sa peinture est, à plus d’un titre, déconcertante. Alternant de très grands formats et des tableaux de petite taille, incrustant à même la toile d’énigmatiques médaillons de céramique, confectionnant d’étranges objets, sortes de reliques peintes et sculptées ornées de crânes, ou clouant au mur à la façon d’une tenture l’œuvre sans cadre, l’artiste ne semble suivre d’autre logique que celle des résonances et correspondances personnelles qui affleurent dans ses images. Certaines, archétypales, insistent, comme cet éléphant au front orné de fleurs, seule tache de couleur sur un fond gris mimant les effets de drapé d’un tissu déplié – Enzo Cucchi, qui a composé de la poésie, voue un culte particulier à l’épisode africain et quasi légendaire de la vie de Rimbaud. D’autres visions semblent surgir d’une iconographie onirique, tableau cadré sur un visage de femme à la bouche grande ouverte d’où s’échappent des volutes de fumée.
Intemporelle, nourrie de références aux maîtres de la Renaissance tel Piero Della Francesca, la peinture d’Enzo Cucchi est-elle toujours d’actualité ? Pour en faire la démonstration, la galerie a choisi pour son communiqué, plutôt qu’un texte, le dessin d’une tête de cheval, hommage crypté signé Xinyi Cheng, qui vit et travaille à Paris. Née en 1989, la peintre, d’origine chinoise, est selon le galeriste Daniele Balice représentative d’une génération d’artistes qui « se sentent connectés avec le travail de Cucchi ». Alors que la figuration opère un retour en force, il n’est pas inutile en effet de regarder du côté de ceux qui s’y adonnent depuis des décennies.
Quant à Cucchi, en choisissant de faire partie d’une galerie connue pour son engagement en faveur de la création émergente, il signale son refus d’être rangé dans la catégorie des peintres historiques, donc « finis ». Les collectionneurs intéressés par sa peinture – dont les prix, qui commencent à 20 000 euros, ne s’envolent pas au-delà de 80 000 euros dans cette exposition – apprécieront a contrario que son œuvre soit identifiée par l’histoire de l’art : plusieurs monographies et catalogues ont été consacrés à son travail, figurant dans de nombreuses collections publiques. La galerie s’associera à l’enseigne milanaise Zero pour présenter, dans le cadre du secteur « Unlimited » de la prochaine édition d’Art Basel, la sculpture d’un angelot en marbre réalisée par Cucchi lors de son exposition, fin 2019, au Maxxi, à Rome.
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Enzo Cucchi, toujours moderne
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°543 du 10 avril 2020, avec le titre suivant : Enzo Cucchi, toujours moderne