Quel a été votre parcours avant de créer la SVV Gaïa en 2007 ?
J’ai passé un bac scientifique qui me destinait, en principe, à des études de pharmacie pour suivre la vocation familiale. Mais j’avais une passion pour le travail du bois qui m’a convaincue de me former au métier d’ébéniste. Après l’obtention d’un CAP d’ébénisterie, j’ai travaillé chez un restaurateur de meubles, tout en suivant les cours de l’école du Louvre. Là, m’est venue l’idée de devenir commissaire-priseur et, pour cela, j’ai complété mon cursus avec un D.E.U.G. de droit. En tant qu’élève commissaire-priseur, je me suis rendu compte de la difficulté des étudiants dans ce secteur d’activité. J’ai fondé, avec Dominique Le Coënt, l’Association nationale des élèves commissaires-priseurs dans le but d’améliorer les conditions des stagiaires. J’ai été diplômée commissaire-priseur en 1995.
Qu’avez-vous fait les dix années suivant l’obtention de votre diplôme ?
Je voulais m’installer à Paris. Mais c’était pratiquement impossible de trouver une étude à acheter, car la profession était à ce moment-là dans l’attente d’une réforme des ventes publiques qui visait l’abolition du monopole des commissaires-priseurs en France en contrepartie d’une indemnisation. J’ai donc été clerc dans plusieurs études de commissaires-priseurs, spécialiste en mobilier chez Christie’s à Londres, et ai aussi travaillé dans une société informatique sur le développement d’un logiciel de gestion adapté aux besoins des sociétés de ventes aux enchères. Durant ces années, j’ai eu l’occasion de passer un master de gestion d’entreprise à l’Institut d’administration des entreprises de Paris. Ce type de formation, me semble-t-il, manquait dans le cursus des élèves commissaires-priseurs.
Finalement, comment est née Gaïa ?
Après la réforme, il m’a été possible de fonder ma propre société de ventes volontaires, avec l’aide d’un associé dormant. Je voulais lui donner un positionnement spécifique autour de niches de collection à développer, en suivant l’idée qu’il fallait être ultra-spécialisée pour se démarquer, particulièrement à Paris, et adopter un nom qui sonne comme une marque. La SVV Gaïa a ainsi vu le jour en avril 2007.
Quels sont les secteurs développés par Gaïa ?
Ma rencontre avec des spécialistes en arts premiers africain, océanien, indonésien et précolombien a constitué le point de départ de mon activité que j’ai vouée entièrement aux arts non-occidentaux, en élargissant à l’art aborigène d’Australie avec l’expert Marc Yvonnou et à l’art contemporain africain avec Raoul Mahé. En 2008, j’ai poursuivi l’aventure avec l’art du Japon et les objets de l’Himalaya et du Tibet. J’y ai ajouté en 2009 des ventes d’art inuit ainsi que des ventes de photographies d’artistes non-occidentaux (incluant aussi la photographie de voyage). Pour chacune de ces spécialités, j’organise deux rendez-vous annuels.
N’est-il pas préjudiciable de ne pas vendre à Drouot ?
Je savais dès le départ que je ne pourrais pas vendre à Drouot, n’étant pas actionnaire de l’hôtel des ventes et n’étant pas titulaire d’une charge judiciaire. Mais, dans la mesure où mes ventes portent sur des spécialités destinées à un public ciblé d’amateurs, cela n’est pas un problème. Je réalise de beaux catalogues sérieux et documentés que je diffuse pour mieux faire connaître Gaïa. J’expose et je vends à quelques encablures de Drouot, dans des lieux de caractère, comme l’atelier Richelieu qui est un espace principalement dédié aux événements liés à la mode.
Au bout de trois ans d’activité, quel bilan pouvez-vous tirer ?
Aujourd’hui, je pense avoir fait les bons choix. Gaïa fonctionne avec une véritable identité. Mais, pour que cela marche encore mieux, il faut du temps. Il y a de vrais amateurs partout en Europe pour toutes ces œuvres qui viennent des quatre coins du monde. Certains de mes clients découvrent des domaines de collection connexes au leur, et deviennent par la suite des acheteurs dans d’autres spécialités que je présente.
Avez-vous d’autres projets ?
En 2010, je compte m’ouvrir à l’art moderne et contemporain d’Amérique du Sud. Mais j’aimerais aussi faire plus de vacations en élargissant le champ des spécialités auxquelles Gaïa est associée. Peut-être en créant une autre marque autour de nouveaux domaines de collection…
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Entretien avec Nathalie Mangeot, commissaire-priseur, dirigeante de la SVV Gaïa, Paris
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°317 du 22 janvier 2010, avec le titre suivant : Entretien avec Nathalie Mangeot, commissaire-priseur, dirigeante de la SVV Gaïa, Paris