Qu’est-ce qui vous a décidé à participer à la Brafa (Brussels Antiques and Fine Art Fair) ?
Nous avons eu un contact en 2009 avec les organisateurs de la Brafa qui, voulant apporter un peu de nouveauté, nous ont conviés à rejoindre l’édition 2010. Nous étions alors deux galeries à vouloir faire découvrir la bande dessinée à la clientèle de la foire. Cette année [fin janvier], nous avons remis cela.
Le clan de la BD s’est élargi à quatre galeries. Le secteur de la BD y a-t-il gagné de l’audience ?
Nous avons exposé de la bande dessinée franco-belge de l’origine à nos jours, mais aussi des auteurs contemporains qui travaillent sur des grands formats, comme Edmond Baudouin, Jacques de Loustal, François Schuiten ou encore François Avril pour lequel plusieurs personnes ont eu un véritable coup de cœur. Leur coût est modéré par rapport au prix de l’art contemporain. De nouveaux clients, qui ne s’intéressaient pas à ce domaine de collection, ont découvert un univers qui n’était pas si éloigné que cela de l’art contemporain. Plusieurs personnes rencontrées à la Brafa sont venues nous voir en galerie par la suite.
Comment votre activité se développe-t-elle ?
L’enseigne bruxelloise Les Petits Papiers est une boutique de BD d’occasion qui existe depuis plus de vingt-cinq ans. Il y a trois ans, nous y avons créé une galerie pour y montrer des dessins originaux de BD. Nous allons emménager, d’ici la fin d’année, dans un nouvel espace de 300 m2, mieux situé à Bruxelles, près de la place du Grand-Sablon (8, rue de Bodenbroek), dans un vieux bâtiment industriel. Notre activité s’est aussi étendue à Paris. Début 2010, nous avons ouvert une galerie au 91, rue Saint-Honoré. Puis, le 4 mars à la même adresse, nous inaugurons une seconde galerie parisienne dédiée aux illustrateurs au sens large, avec une exposition d’œuvres de Georges Wolinski.
Comment a évolué le marché des dessins originaux de BD ?
Il y a vingt ans, c’était facile, ce marché était inexistant. Dans les années 1980, on trouvait une planche originale de Gaston Lagaffe, de Franquin, pour l’équivalent de 1 000 euros. À présent, la même planche vaut 45 000 euros. L’augmentation des prix fait qu’aujourd’hui notre travail de galeristes est pris au sérieux. Mais, depuis deux ans, avec la multiplication des ventes publiques spécialisées en BD (jusqu’à quatre ventes par mois !), nous assistons malheureusement à une baisse de la qualité des œuvres proposées.
Pourtant, n’êtes-vous pas vous-même experts en vente publique ?
Quand nous avons rencontré le commissaire-priseur Alexandre Millon il y a trois ans, l’idée était de rester très sélectifs, sur la base d’une seule vacation annuelle. Deux ventes ont eu lieu à Paris, en avril 2009 et juin 2010, en duplex avec le théâtre du Vaudeville à Bruxelles. Aujourd’hui nous travaillons avec la SVV Millon sur un nouveau concept de ventes thématiques de qualité, toujours annuelles. La première, qui se tiendra le 19 juin, se fait avec le concours de Moebius [actuellement exposé à la Fondation Cartier à Paris]. Pour cette vente, une trentaine d’auteurs de bandes dessinées a été conviée à réaliser plusieurs originaux en noir et blanc ou monochrome, avec comme seule contrainte un format minimum (50 x 70 cm), histoire de montrer la proximité de leur travail avec celui des artistes contemporains. La fourchette des estimations oscille de 1 000 à 50 000 euros pièce.
Et la vente du 12 mars ?
C’est une collection de qualité exclusivement axée sur Spirou, de la genèse du personnage jusqu’à 1980 (1). Elle comprend une vingtaine de dessins originaux de Franquin (est. 500 à 15 000 euros) ainsi que du merchandising de l’époque qui est très difficile à trouver aujourd’hui, comme une boîte à crayons, un billard et une boîte de marionnettes à l’état neuf. Nous y avons ajouté un chapitre regroupant des hommages à Franquin réalisés par des illustrateurs, tels que François Avril, Philippe Druillet, Christophe Chabouté et quelques autres.
(1) « Spirou à la une ! », vente le 12 mars, salle VV, 3, rue Rossini, 75009 Paris, SVV Millon & Associés, tél. 01 47 27 95 34, exposition les 5 et 6 mars 11h-19h et le 12 mars 10h-12h, www.millon-associes.com
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Entretien avec Marc Breyne et Alain Huberty, galeristes, Bruxelles et Paris « La BD, proche de l’art contemporain »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°342 du 4 mars 2011, avec le titre suivant : Entretien avec Marc Breyne et Alain Huberty, galeristes, Bruxelles et Paris « La BD, proche de l’art contemporain »