Vous avez été président du Syndicat national des antiquaires (SNA) de 2002 à 2008. Quel bilan tirez-vous de cette période ?
Le Salon du collectionneur a vu le jour en 2003 et nous avons goûté au retour de la Biennale des antiquaires au Grand Palais [à Paris]. Nous avons bataillé pour régler un certain nombre de problèmes juridiques et fiscaux. Nous avons, par exemple, œuvré à ce que la France et la Belgique ne signent pas la convention Unidroit de 1995 sur les biens culturels volés ou illicitement exportés ; à faire assujettir l’Art déco et les bijoux à un taux réduit de TVA à l’importation ; et, concernant le certificat d’exportation Cites [Convention on International Trade of Endangered Species] nécessaire pour les objets d’art fabriqués à partir d’espèces protégées (ivoire, écailles de tortue, coquillages…), nous avons obtenu une dérogation afin que les œuvres réalisées avant 1947 puissent circuler librement au sein de l’Union européenne.
Comment analysez-vous votre défaite aux élections de 2008 ?
Il y a plusieurs raisons à cela. J’avais proposé une modification des statuts afin que le conseil d’administration du SNA, qui était renouvelable par tiers, soit désormais renouvelable intégralement tous les deux ans pour plus d’efficacité. Cela a été voté, mais pas apprécié de tous. On m’a aussi reproché mon autorité. Il est vrai que pour certaines décisions, je tranchais dans le vif. J’estime que c’est ce que doit parfois faire un président. Et puis, de toute façon, je n’avais plus vraiment envie de rempiler. Le job, qui prenait 80 % de mon temps, m’avait épuisé. J’y suis allé mollement.
Qu’avez-vous fait durant les deux années suivantes ?
Pendant ces deux années, j’en ai profité pour travailler plus pour ma galerie. J’ai beaucoup voyagé et suis allé à la rencontre de mes clients.
Dans quelles conditions avez-vous été réélu à la présidence du SNA le 25 octobre 2010 ?
J’ai fait campagne et j’ai été soutenu. Je me suis notamment opposé à une annualisation de la biennale, projet défendu par l’équipe en place qui souhaitait également supprimer le Salon du collectionneur sans offrir d’autre débouché aux confrères non admis à la biennale. Mon objectif est de monter une meilleure biennale, en poussant les antiquaires à faire un plus gros effort dans la sélection des pièces qu’ils présentent, sous réserve de perdre leur stand (une place à la manifestation n’est pas un acquis). Et je compte bien entreprendre des démarches pour faire venir d’autres grands marchands français et étrangers à Paris, place incontournable du marché de l’art.
Que va devenir le Salon du collectionneur après quatre éditions ?
Nous allons tout refondre pour qu’il se transforme en un rendez-vous annuel, sous une autre appellation, ce qui a convaincu une majorité des membres du SNA. Le Salon du collectionneur n’était pas viable. Dans la mesure où on l’avait, dès le départ, traité de « sous-biennale » ou de « salon des refusés de la biennale », il était mort-né. Il nous faut trouver un lieu adéquat pour ce nouveau salon parisien annuel qui sera différent du Salon du collectionneur et indépendant de la biennale. Nous voulons lui trouver des dates qui lui soient propres, probablement en avril ou mai (à partir de 2012). Cette opportunité sera décidée courant février.
Quels sont vos autres chantiers ?
Nous avons complètement redessiné le site du SNA (www.antiquaires-sna.com) en le modernisant et en l’enrichissant (création de rubriques, archivages des conférences passées et des informations sur les anciens salons…), le tout en quatre langues (français, anglais, chinois et russe). Il sera bientôt opérationnel. Et puis, en concertation avec le ministère de la Culture et la direction des Musées de France, nous sommes en train de revoir les seuils de valeur pour les certificats d’exportation des œuvres d’art hors de France. Ces seuils n’ont pas été réévalués depuis 1993. Or les prix des objets d’art ont augmenté et les services administratifs sont engorgés de demandes de passeports de sortie. Nous avons fait des propositions raisonnables d’élévation des seuils. Par exemple, faire passer le seuil de valeur d’un dessin de 15 000 à 50 000 euros, et celui d’une pièce d’Art déco de 50 000 à 100 000 euros.
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Entretien avec Christian Deydier, président du Syndicat national des antiquaires
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°339 du 21 janvier 2011, avec le titre suivant : Entretien avec Christian Deydier, président du Syndicat national des antiquaires