Même si la reprise semble bien réelle à l’international, Paris reste à la traîne.
Contrairement à Londres, l’impressionnisme n’y a pas fait recette.
En cette fin de saison, l’heure est aux bilans de mi-parcours. D’après la base de données Artprice, les 4 400 ventes cataloguées en Fine Art ont permis d’engranger au premier semestre 1,3 milliard de dollars (env. 1 milliard d’euros), soit une progression de 49 % par rapport à 2003. Si toutes les places anglo-saxonnes et certaines arènes européennes comme l’Italie éprouvent les retombées de cette progression, la France reste à la traîne. Entre les mois de janvier et juin, le nombre de ventes cataloguées a baissé de 20 % par rapport à 2003 et le chiffre d’affaires du Fine Art a chuté de presque 35 %. Seuls les tableaux anciens ont tiré leur épingle du jeu en province et à Paris. Grande gifle pour la scène parisienne, les œuvres impressionnistes et modernes de la collection Cesari chez Sotheby’s le 29 juin ont déçu. Ravalés La Berge et le pont d’Argenteuil de Caillebotte, la Composition aux deux clowns de Léger, le Bassin des Tuileries de Pissarro, ceci sans qu’une seule enchère soit émise par la salle. Le manque de fraîcheur des pièces issues de ventes publiques et trop d’impudence dans les estimations comptent parmi les raisons de la déroute. L’impressionnisme sans vigueur, un peu fade, commence aussi à lasser. Les Européens n’ont enfin pas les mêmes capacités d’achat que les Américains. Autant de facteurs qui pourraient conforter la politique d’exportation de Sotheby’s au détriment de la place parisienne.
Les ventes d’art impressionniste et moderne de Londres ont eu plus d’éclat. Sotheby’s a affiché le 21 juin son meilleur résultat depuis 1989 avec un produit de 61,4 millions de livres sterling (91,6 millions d’euros). Le Garçon à la veste bleue de Modigliani a été adjugé 6,1 millions de livres tandis que le tableau Deux crabes de Van Gogh s’est envolé à 5,1 millions de livres. Avec 1,9 million de livres, Liebespaar a décroché le record pour une œuvre sur papier d’Egon Schiele. Les marchands devront relever leurs prix puisque Richard Nagy affichait certains dessins de Schiele pour 1,4 million d’euros à la dernière Tefaf de Maastricht, et la Galerie St. Etienne (New York) en demandait plus de 2 millions de dollars à la dernière Foire de Bâle. Les sept tableaux signés Chaïm Soutine de la collection Madeleine et Marcellin Castaing ont totalisé 3,6 millions de livres. Christie’s a dû se contenter le lendemain soir d’un produit de 28,9 millions de livres. À cette occasion, une Odalisque au fauteuil noir d’Henri Matisse est partie pour 6,6 millions de livres. Côté contemporain, les deux maisons de ventes se sont alignées sur un produit d’environ 14 millions de livres. Celui qui voulait dépenser un peu plus de 2 millions de livres avait le choix entre un grand Basquiat (2,4 millions de livres, Sotheby’s) ou un Bacon, Three Studies of Isabelle Rawsthorne (2,3 millions de livres, Christie’s). Les clients en quête d’œuvres fortes ouvrent plus facilement leur portefeuille pour un Basquiat ou un Bacon que pour un Caillebotte un peu tiède. Enfin, l’écart entre Sotheby’s et Christie’s ne cesse de se creuser à l’international. En mai, les ventes new-yorkaises donnaient une nette avance à la première avec 403,5 millions de dollars contre 204,5 millions pour sa rivale. À Londres, Sotheby’s devançait à nouveau la maison de François Pinault avec un total de 92,8 millions de livres contre 62,3 millions. Seule Christie’s France semble résister. Au premier semestre, la maison y a réalisé un chiffre d’affaires de 46 millions d’euros, devançant Tajan avec 34 millions (sans les ventes de Monaco) et Sotheby’s avec 21 millions d’euros (avant la vente Nahon). Malgré tout, le jeu sera serré pour Christie’s à la rentrée.
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Enchères : bilans à mi-parcours
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°197 du 8 juillet 2004, avec le titre suivant : Enchères : bilans à mi-parcours