Ventes publiques

En mai, Drouot s’anime

De nombreuses vacations

Par Nicolas Powell · Le Journal des Arts

Le 1 mai 1995 - 819 mots

Oubliée la parenthèse des élections présidentielles, Drouot reprend vie. Une vente importante de Haute Époque chez Me Picard, des photos chez Me Binoche et chez Me Tajan, qui se consacrera également à la porcelaine et à l’art abstrait et moderne.

PARIS - Une fois n’est pas coutume, c’est une grande collection venue de l’étranger qui sera dispersée à Drouot les 31 mai et 1er juin par Me Picard : quelque 270 lots d’objets et de meubles Haute Époque, "ameublement complet d’une demeure médiévale" selon le catalogue, y figureront, ainsi que quatre lots de diverses provenances – une tapisserie feuilles de chou du XVIe siècle, estimée entre 150 000 et 200 000 francs, et un saint Michel en tilleul sculpté, du XVe siècle, rhénan, estimé autour de 300 000 francs.

Alors que les ventes de Haute Époque se font rares, celle-ci est très complète. Elle ne contient pas de sculptures d’une qualité particulièrement remarquable, mais pléthore d’objets tels que plats d’offrande, horloges de table et murales, ainsi que de nombreux meubles, souvent d’origine lombarde ou toscane. Tous les lots ont des estimations fort modestes et seront proposés sans prix de réserve.

Parmi le mobilier, signalons plusieurs sièges Louis XIII, quatre tables de cabaret suisses, fin XVIIe siècle, estimées entre 15 000 et 25 000 francs, une crédence gothique en noyer, XVIe siècle, du Dauphiné, estimée entre 40 000 et 50 000 francs, un grand lustre en bronze d’Europe centrale, XVIIe ou XVIIIe siècle, six fauteuils et un canapé de Gênes, fin XVIIe, avec une tapisserie "de style", estimés entre 80 000 et 120 000 francs.

Mes Thiolet et Régis au Festival de Cannes
La photo sera à l’honneur le 2 juin chez Me Binoche, qui met en vente cent trente lots importants, dont dix-huit photographies de Man Ray provenant de l’ancienne collection de la veuve de l’artiste, Juliet Man Ray. La plupart datent de 1930 à 1945 (le tirage le plus tardif étant de 1960), et sont estimées entre 5 000 et 80 000 francs. Seront également dispersées des épreuves de Lartigues, de Brassaï (dont un portrait de Dali, estimé entre 10 000 et 15 000 francs) et de Cartier-Bresson, ainsi que dix-neuf portraits de l’artiste surréaliste Manina par Blumenfeld, estimés entre 2 000 et 8 000 francs.

Clin d’œil commercial au centenaire du cinéma, Me Thiolet et Me Régis d’Argenteuil organisent à Cannes, le 23 mai, donc en plein festival international, une vente d’affiches, de costumes, de scénarios originaux et une cinquantaine de caméras et projecteurs, dont certains datent du début du siècle.

L’activité printanière s’annonce intense à l’Étude de Me Tajan, qui dirigera le 5 mai une vente de deux cent dix lots de faïences et porcelaines française et européennes du XVIe au XIXe siècle, suivie le 10 mai par sa toute première vente de photographies. Du XIXe et du XXe siècle, celles-ci comprennent de nombreux portraits de Victor Hugo par Nadar, Carjat et des anonymes, des épreuves d’Atget, Baldus, Furne et Flachéron. La vente couvre tout aussi bien les années vingt et trente – avec des photos sur New York et Paris de Louis Faurer, Andreas Feininger, Weegee, Pierre Jahan, René Jacques et Philippe Halsmann – que l’époque contemporaine – un autoportrait de Mapplethorpe de 1978, une photo de Cindy Sherman de 1993, une de Nan Goldin de 1980.

Le Christ d’Assy par Richier
Me Tajan enchaîne, le 15 mai, avec une vente de cent lots d’art abstrait, dont un collage de Chaissac de 1962, estimé entre 100 000 et 120 000 francs, une toile de Zao Wou Ki commencée en 1958 et terminée en 1970, estimée 150 000 francs, et la maquette du Christ en bronze faite par Germaine Richier en 1950 pour l’église d’Assy, près de Grenoble, estimée entre 120 000 et 150 000 francs.

Le lendemain, Me Tajan mettra en vente cent quatre-vingt-dix tableaux modernes, parmi lesquels des œuvres de Forain, Carrière et La Place Saint-Marc inondée de Ziem, toutes provenant de la collection Clément Coquenpot, père de l’expert Michel Coquenpot. Onze œuvres de Gen Paul, dont quatre huiles de la collection d’un amateur allemand, leur succéderont ainsi que des tableaux et dessins des XIXe et XXe siècles.

Tout en réservant pour plus tard ses lots d’art moderne et contemporain les plus importants – dont deux dessins de Degas, un bronze et une huile d’Alberto Giacometti, qui seront mis en vente le 19 juin –, Me Guy Loudmer organise le 17 mai une vacation d’œuvres modernes et abstraites, dont beaucoup sont sur papier. Y figureront dix huiles sur papier d’Henri Nouveau de 1945-1956, estimées autour de 20 000 francs, des dessins de Hajdu, Herbin, La Fresnaye, Jongkind, Signac et Cross.

Toujours le 17 mai, ainsi que le lendemain, Mes Poulain et Le Fur disperseront l’exceptionnelle collection du bibliophile Jean-Pierre Guillaume. Estimée entre 5 et 5,5 millions de francs, sa bibliothèque est composée de plus de 300 éditions originales, presque toutes reliées par Pierre-Lucien Martin.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°14 du 1 mai 1995, avec le titre suivant : En mai, Drouot s’anime

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