La 18e foire d’art contemporain ArtBrussels, qui s’est tenue dans la capitale belge du 31 mars au 4 avril, a réuni cent vingt exposants, principalement européens. Environ deux cents collectionneurs invités sont venus découvrir une foire partagée entre son désir de s’ouvrir au grand public et sa volonté d’améliorer sa qualité.
BRUXELLES - La foire d’art contemporain de Bruxelles avait été lancée sur un rythme biennal et se réduisait au seul “art actuel”. Le faible nombre des exposant était alors largement compensé par leur qualité, même si les galeristes se plaignaient de ne pouvoir fidéliser les clients avec leur présence à Bruxelles un an sur deux. La philosophie de la manifestation a changé avec la reprise de la foire, en 1997, par KI expo, devenu aujourd’hui Artexis. Non seulement ArtBrussels est devenue annuelle, mais encore s’est-elle ouverte à l’art des années cinquante à nos jours, ce qui ne se traduit pas forcément par une amélioration de la qualité. Ce constat est encore accentué par l’embonpoint d’une foire qui est passée pour cette nouvelle édition à cent vingt exposants. La comparaison avec d’autres grands rendez-vous internationaux est d’autant plus cruelle qu’ArtBrussels a perdu les caractères qui avaient forgé sa spécificité.
Néanmoins, la nouvelle organisation entendait élargir la fréquentation et il semble qu’elle y soit parvenue, avec près de 20 000 visiteurs. Artexis s’appuie par exemple sur des initiatives étonnantes, comme la journée gratuite pour les femmes, une idée pour le moins saugrenue mais qui, au vu de la présence féminine ce jour-là, n’apparaît pas sans effet. Plus efficace néanmoins est la possibilité pour chaque galerie d’inviter un ou deux collectionneurs (hôtel, service de chauffeur…). De fait, même si les allées n’étaient pas noires de monde, on y croisait pourtant quelques-uns des plus grands collectionneurs allemands, belges ou français, les plus chanceux apercevant même Claudia Schiffer le soir du vernissage.
Des jeunes femmes en collant
A l’issue de la manifestation, les galeristes semblaient à la fois satisfaits des ventes réalisées et des contacts pris. Malgré l’hétérogénéité de l’ensemble, “il est toujours possible de découvrir des œuvres intéressantes dans ce genre de petite foire”, soulignait un collectionneur vivant à Bruxelles. Ainsi, la galerie Erna Hécey (Luxembourg) proposait pour 100 000 francs français Sculpture Directe V, de Thomas Hirschhorn ; Rodolphe Janssen (Bruxelles) réservait une salle de son immense stand aux peintures de Pia Fries. La Galerie de France (Paris) proposait une belle vitrine de petites pièces de Martial Raysse, Kabakov, Sophie Calle, Jean-Pierre Bertrand, Wim Delvoye… Ce stand présentait aussi des peintures d’Eugène Leroy qui faisaient écho aux œuvres de Michel Frère chez Albert Baronian (Bruxelles). Les photographies et la vidéo de jeunes femmes en collants de Marie-France et Patricia Martin, chez Danielle Arnaud Contemporary Art (Londres), renvoyaient aux pièces de Vanessa Beecroft chez Massimo Minini (Brescia). Certains artistes étaient particulièrement en vue, comme le Danois Bjarne Melgaard, présent sur le stand de la galerie Tanya Rumpff (Haarlem), ou Beat Streuli respectivement chez Jablonka Galerie (Cologne), Drantmann (Bruxelles), Dogenhaus Galerie (Leipzig) et Conrads (Düsseldorf). Du côté des marchands français, Pièce Unique exposait Pat Steir, Pierre Thoretton et Sophia Vari ; Martine et Thibault de la Châtre montraient Glen Baxter, Marie Bourget et Paola Salerno ; Baudoin Lebon proposait des paravents de Luciano Castelli, Jean Dubuffet et Joël Ducorroy, ainsi qu’un ensemble de photographies de nus ; Zürcher réservait un espace au travail de Gwen Rouvillois. Les jeunes artistes étaient à l’honneur chez Sollertis (Toulouse) avec une série de dessins de Claire Le Déaut, et chez Laure Genillard (Londres) qui revenait à Bruxelles après dix ans d’absence avec des pièces de Gary Simmonds et Peter Wüthrich. La galerie parisienne de second marché Studio Simonis vendait deux pièces de Christian Boltanski, Série Zoologique (1975) et Piège qui fut suspendu dans la chambre de Christian Boltanski entre février et novembre 1971 (1972), un peu moins que le prix public fixé respectivement à 120 000 et 130 000 francs français.
L’organisation de la foire bruxelloise apparaît aujourd’hui irréprochable, mais elle ne peut rivaliser, d’un point de vue qualitatif, avec les grands rendez-vous internationaux. Si elle veut attirer les grands collectionneurs belges qui la boudent encore, “ArtBrussels” devra passer par une sélection plus drastique des exposants.
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En Belgique, ArtBrussels manque un peu de sel
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°103 du 14 avril 2000, avec le titre suivant : En Belgique, ArtBrussels manque un peu de sel