Art Dubaï, qui se déroulera du 17 au 20 mars, s’attache davantage aux artistes indiens et moyen-orientaux
DUBAÏ - Étranglée, ensablée, sous dialyse. À lire la presse économique, Dubaï (Émirats arabes unis) ne serait plus que l’ombre d’elle-même. Même l’inauguration menée tambour battant, le 4 janvier, de la Burj Khalifa, la tour la plus haute du monde, s’est soldée par une fermeture précipitée en février… « Si Dubaï était une ville fantôme, je ne serais plus là ! », défend toutefois Isabelle de la Bruyère, spécialiste chez Christie’s dans l’Émirat. « L’immobilier a été frappé sévèrement, mais le tourisme et le commerce se sont maintenus. Beaucoup de sociétés profitent de la chute de l’immobilier. Nous avons ainsi pu renégocier nos frais et proposer une baisse de 20 % du prix des stands », confie John Martin, directeur de la foire Art Dubaï, qui se déroulera du 17 au 20 mars.
C’est dans ce contexte, entre chiens et loups, que la galerie Rose Issa Projects (Londres) fait son entrée avec une exposition personnelle de Chant Avedissian. « Dubaï a fait beaucoup pour la reconnaissance de la scène moyen-orientale et c’est la raison pour laquelle je viens », indique Rose Issa. De même, Selma Feriani (Londres) persévère après avoir gagné de nouveaux clients à chaque édition. « L’an dernier, j’ai très bien fonctionné, alors que la crise était déjà là », constate la jeune galeriste, qui montrera notamment un projet de Rula Halawani sur les villages palestiniens dépeuplés.
La galerie El Marsa (Tunis) n’a pas non plus hésité à revenir malgré le climat incertain. « Les Émirats représentent 40 à 50 % de ma clientèle pour certaines catégories d’artistes. Il y a aujourd’hui un public qu’on ne voyait pas au début de la foire », précise Lilia Ben Salah, directrice de la galerie. En revanche, malgré la présence des Parisiens Almine Rech, Kamel Mennour – associé pour l’occasion à Chantal Crousel –, la B.A.N.K. et Continua (San Gimignano, Pékin), ou encore l’arrivée de Pièce unique (Paris), le salon a perdu une bonne part de son contingent occidental. Car, pour l’heure, les fortunes d’Inde ou du Moyen-Orient n’achètent que de l’art local.
Il faut dire aussi que certaines enseignes occidentales lorgnent plutôt en direction d’Abu Dhabi Art, foire lancée en novembre dernier sur les cendres d’Art Paris Abou Dhabi. L’investissement coûteux qu’implique chaque manifestation permet difficilement une double participation. À un moment, les galeries doivent choisir. « C’est triste et dommage qu’on n’arrive pas à travailler ensemble au Moyen-Orient. Dès que quelqu’un commence à nager, on l’enfonce, regrette la galeriste Andrée Sfeir-Semler (Hambourg-Beyrouth). Il y a très peu de collectionneurs au Moyen-Orient, peu d’artistes qui tiennent le coup. Il ne faut pas brûler ce marché par une inflation d’événements. » Pour Rose Issa, « il serait préférable d’avoir une foire qui se tienne une année à Abou Dhabi, une autre à Dubaï et une troisième à Doha. » Un événement nomade qu’elle baptiserait « Gulf Art Fair ». Tel était le nom de la première édition d’Art Dubaï en 2007.
Directeur : John Martin
Nombre d’exposants : 66
Tarif des stands : 550 dollars le m2
Nombre de visiteurs en 2009 : 14 000
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Dubaï se recentre
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Abonnez-vous dès 1 €ART DUBAÁ?, du 17 au 20 mars, Madinat Jumeirah, Dubaï, www.artdubai.ae, les 17 et 18 mars 16h-22h, le 19 mars 12h-22h et le 20 12h-18h
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°320 du 5 mars 2010, avec le titre suivant : Dubaï se recentre