Dans le sillage des deux piliers du marché de l’art que sont François Pinault et Bernard Arnault, le nombre des collectionneurs n’a cessé de croître en France. Leur profil socioculturel a aussi évolué.
Les vieilles fortunes du Rotary Club ont laissé la place aux grandes réussites Internet. À l’instar des nouvelles galeries qui se jettent de plus en plus tôt dans l’arène des foires, les jeunes amateurs actuels n’hésitent plus à montrer très vite leur collection. C’est le cas de Steve Rosenblum, fondateur de « Pixmania.com », société spécialisée dans la vente de matériel informatique et d’électroménager sur le Web. Avec sa femme Chiara, ils inaugureront le 21 octobre un espace dédié à leur collection, baptisé « Rosenblum and Friends », au 183, rue du Chevaleret (Paris-13e). « On aimerait que les gens en profitent, les jeunes de notre génération sont prêts, assure Steve Rosenblum. Dans dix à quinze ans, ceux qui ont 25 ans aujourd’hui auront cette dimension d’ouverture dans leur culture, alors que ceux d’une autre génération sont encore dans l’esprit du «vivons cachés». » Voilà encore quatre ans, ce jeune couple dynamique était inconnu des arcanes du marché de l’art. Le virus de la collectionnite les prend en 2006 à partir de l’acquisition d’une grande installation de Christoph Büchel, sur le stand de la galerie Hauser & Wirth (Zurich, Londres), à la Foire internationale d’art contemporain (FIAC), à Paris. Cette entrée en matière radicale se prolonge avec les œuvres de Rokni et Ramin Haerizadeh, acquises lors de l’exposition sur les artistes iraniens chez Thaddaeus Ropac (Paris) en 2008. Suivront les grands fusains torturés de l’artiste irakien Ahmed Alsoudani, également collectionné par François Pinault. Les réflexions sur le traumatisme liée au 11 septembre 2001 se retrouvent dans l’exposition inaugurale de leur lieu, « Born in Dystopia ».
Pièces d’amis
Dès l’entrée du bâtiment dédié à la collection, le visiteur est invité à traverser un couloir noir long d’une quarantaine de mètres conçu comme un sas de décompression entre la rue et les œuvres. Des haut-parleurs unidirectionnels situés au plafond projetteront des œuvres sonores commandées à des artistes. Au terme de ce passage, on découvre sept espaces parmi lesquels une salle à manger-bibliothèque. À l’étage, un espace est consacré aux ateliers pour enfants. D’emblée, les Rosenblum ont placé ce lieu sous le signe de la convivialité et du partage. Partage avec les visiteurs incités à prendre rendez-vous le samedi, mais aussi avec leurs propres amis collectionneurs. « Nous avons pas mal d’amis qui n’ont pas la place d’installer leurs œuvres chez eux, et on leur propose de compléter nos accrochages », précise Chiara Rosenblum. De fait, la première exposition comptera environ 15 % de pièces prêtées par leur entourage. L’initiative des Rosenblum vient confirmer la mutation de la place parisienne. « S’il n’y a plus d’argent public en France, c’est aux privés de montrer les artistes, insiste Steve Rosenblum. Il faut plus d’initiatives en France, mais c’est compliqué. On est sclérosé par un mille-feuille de réglementations sur les bâtiments ouverts au public. » Espérons que l’enthousiasme des particuliers français ne soit pas plombé par l’inertie de l’administration…
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Du nouveau dans le 13
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°331 du 24 septembre 2010, avec le titre suivant : Du nouveau dans le 13