Une statue de Sésostris III a été adjugée près de cinq millions de francs à Drouot. Mais le reste de cette vente d’archéologie n’a pas été à la hauteur de ce résultat, avec près de la moitié des lots invendus.
PARIS - Le 10 novembre, à Drouot, quelques collectionneurs et de nombreux amateurs attendaient avec impatience le n° 120 de la vente d’archéologie que dirigeait Me Olivier Couteau-Bégarie. Une statue du pharaon Sésostris III, de la XIIe dynastie, estimée entre 4 et 5 millions de francs, en parfait état de conservation et encore inconnue du marché, a atteint l’enchère de 4,6 millions de francs, un record français pour une pièce d’archéologie. “Il existe peu de sculptures du Moyen Empire”, commente l’expert de la vente, Chakib Slitine. Le catalogue affirmait qu’”une statue de qualité comparable, représentant Khénémet-néfer-hedjet-ouret, mère de Sésostris III, [avait] été acquise récemment par le Musée du Louvre”. “L’achat, qui est français, va certainement finir dans un musée”, assure l’expert. En granit noir moucheté, la sculpture du pharaon dont le règne était considéré, d’après les récits d’Hérodote, comme le plus prestigieux de tous les temps, est d’une grande beauté. Il est figuré dans la force de l’âge et, selon l’expert, “ne présente pas encore les traces d’amertume et de désillusion qui frappent dans des portraits le montrant plus âgé. Il a à la fois une pose conventionnelle et des traits réalistes individualisés, qui changent des représentations idéalisées des pharaons et le rendent reconnaissable au-delà de son identification par la lecture du cartouche. Ses dimensions (60 cm de haut) sont agréables et harmonieuses. C’est cet ensemble d’éléments qui fait sa force”.
Pas d’effet de levier
Il est rare de trouver un objet d’archéologie de cette importance en vente publique, mais il n’a pas entraîné la suite de la vacation pour autant. “Le reste de la vente a même un peu souffert de sa présence”, reconnaît Chakib Slitine. Un buste de Sekhmet du Nouvel Empire, estimé 150 000 francs, est parti à 120 000 francs, une sculpture d’Harpocrate sur son siège, d’époque saïte, estimée 120 000 francs, à 80 000 francs. Mais une monumentale banqueteuse d’époque romaine, une rare idole anatolienne du IIIe millénaire av. J.-C., un daim en bronze du Ier siècle av. J.-C. ainsi qu’un beau portrait du Fayoum sont restés invendus. Quant au produit total de la vente, il a atteint péniblement 5 920 000 francs.
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Drouot : un pharaon au plus haut
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°71 du 20 novembre 1998, avec le titre suivant : Drouot : un pharaon au plus haut