Pratiquement absent des salles de Drouot depuis le début de l’année – les tableaux de Pont-Aven d’Eugène Boch et la collection Henry Potez, dispersés les 18 et 19 mars, étant les exceptions qui confirment la règle –, le tableau moderne et contemporain fait un retour tardif mais convaincant en juin, grâce aux ventes importantes organisées par les études Tajan, Loudmer, Briest, et De Quay & Lombrail.
PARIS - Une huile sur toile de Cézanne, Paysage aux environs d’Aix-en-Provence, 1902-1906, la vue d’une allée d’arbres et d’un sous-bois, estimée autour de 20 millions de francs, sera la vedette de la vente de tableaux impressionnistes et modernes qu’organise l’étude Loudmer le 17 juin. Peint avec la légèreté de touche qui caractérise la plupart des dernières œuvres du maître, le tableau provient d’une collection particulière européenne, après avoir transité, depuis son acquisition en 1936 à la galerie Georges Petit, à Paris, par quatre collections au Proche-Orient et à Londres. Il pourrait devenir le tableau le plus cher vendu à Drouot depuis Les blondes chevelures ou La ronde des fillettes de Picasso, adjugé 20,7 millions de francs le 27 octobre 1994. La vente comprendra également une toile de Matisse, L’atelier à Lutrin, peinte à Nice en 1926, estimée autour de 5 millions de francs, et une sculpture en bronze d’Alberto Giacometti, Petit buste sur colonne, vers 1952, estimée entre 2,3 et 2,5 millions de francs.
Ce sont 70 tableaux, dessins et sculptures – par presque autant d’artistes des XIXe et XXe siècles – que dispersera Me Jacques Tajan le 10 juin, où figurent une petite huile de Corot, Personnages, 1840-1845, estimée entre 400 000 et 600 000 francs, La Parisienne, vers 1898, de Bonnard, estimée entre 1,8 et 2 millions de francs, et une œuvre de jeunesse de Manet, Paysage aux arbres, estimée entre 800 000 et 1,2 million de francs.
École de Paris de bonne qualité
Parmi les tableaux du XXe siècle, signalons un Renoir tardif, Femme en bleu dans un paysage, 1916, estimé entre 3 et 4 millions de francs, ainsi que plusieurs huiles de Vuillard et Bonnard. Mère et enfant, de Soutine, estimé entre 900 000 et 1 million de francs, aura bénéficié de son exposition dans "Passions Privées" au Musée d’art moderne de la Ville de Paris.
C’est à l’hôtel Lutétia, le 20 juin, après trois jours d’exposition, que Mes de Quay & Lombrail mettront en vente un important ensemble de tableaux modernes, provenant d’une grande collection de 150 œuvres, complétée par une autre d’une dizaine de toiles, et par "divers amateurs." La première collection a été formée par un imprimeur, âgé aujourd’hui de près de 90 ans, qui a longtemps travaillé non loin de l’hôtel Drouot. Tous les tableaux, principalement de l’École de Paris de l’entre-deux-guerres et de bonne qualité, ont été achetés entre les années trente et soixante-dix dans les salles de vente parisiennes et constituent donc ce que les experts qualifient de "marchandise fraîche."
"L’incendie de ma vie"
Parmi eux figurent La baie dans le Midi, vers 1904, de Georges Lacombe, estimé entre 300 000 et 400 000 francs, Composition bleue et rouge, 1962, de Serge Poliakoff, estimé entre 600 000 et 700 000 francs, et des tableaux de la période polonaise de Moïse Kisling, dont Paysage de Pologne, 1911, estimé entre 150 000 et 200 000 francs.
Le 26 juin, Me Francis Briest dispersera une collection de 80 gouaches napolitaines du XIXe siècle, conservée depuis un demi-siècle dans la même famille et estimée entre 1,5 et 2 millions de francs. Le 19 juin, il proposera une cinquantaine d’œuvres d’art contemporain provenant de deux collections, dont celle du journaliste de télévision Guillaume Durand, estimées globalement entre 5 et 6 millions de francs. Les tableaux de ce dernier devraient bénéficier à la fois de la notoriété de leur propriétaire et de leur présence dans l’exposition "Passions Privées". Allant de Francesco Clemente, Sans titre, 1983 (500 000-700 000 francs), à Robert Mangold, Deep yellow ellipse with grey violet frame, 1989 (180 000-220 000 francs), et Mimmo Paladino, Amico mio, 1989, cette collection représente ce que Guillaume Durand décrit comme "l’incendie de ma vie ... une guerre de goût parsemée d’embrasements personnels."
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Drouot, le retour des tableaux
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°26 du 1 juin 1996, avec le titre suivant : Drouot, le retour des tableaux