Pierre et Gilles placent leur nouvelle collaboration avec la galerie Daniel Templon sous le signe des « Héros ».
PARIS - Des artistes populaires, suivis par un nombre impressionnant de fidèles. Populaire, l’esthétique de Pierre et Gilles l’est aussi, résolument, puisant aux sources du pop art américain et, plus encore, à sa version française du Nouveau Réalisme, mais aussi à l’art populaire sous ses différentes facettes, et notamment religieuse. Dépourvu de prétention, le travail des deux artistes s’est longtemps situé à l’articulation de l’illustration et de l’art contemporain, hors du mainstream. Pour eux, l’idée ne saurait se suffire à elle-même mais se traduit, au contraire, par un travail minutieux. L’art naît de l’artisanat : conception du projet, réalisation d’un décor et de procédés créant des illusions dignes des plus belles machineries de Méliès, soin apporté à la photographie – le domaine de Pierre – puis à la peinture apposée sur le tirage photographique, phase finale que réalise Gilles. Un amour du bel ouvrage et du fait-main qui ne manque pas d’intriguer à l’ère du numérique. Cette technologie permettrait beaucoup plus simplement d’obtenir les effets qui, ici, relèvent du tour de force, du tour de passe-passe aussi, tant opère la magie des deux artistes. Cette sincérité, cette candeur, leur goût du vrai paradoxalement associé à l’artifice expliquent sans doute en partie que Pierre et Gilles jouissent d’une telle popularité, au même titre qu’un Henri Cartier-Bresson ou qu’un Robert Doisneau. Le tout est mâtiné, dans le cas de Pierre et Gilles, d’une esthétique queer, inspirée tout particulièrement par le travail de James Bidgood (1933).
Œuvres très sucrées
L’exposition de la galerie Templon montre la poursuite du travail bien connu des deux artistes. Moins explicitement sexuelles, leurs œuvres se révèlent à la fois très sucrées (fraises, dégoulinures qui évoquent tant les humeurs que des glaçages, irrésistibles cadres recouverts de billes pastel à l’image de bonbons acidulés, ou de billes rouges qui rappellent des groseilles) et très séduisantes, oscillant entre facture pop et néoclassicisme. Anonymes proches des artistes ou vedettes – plus que stars – sont mis en scène et en valeur avec le même soin, en particulier le corps masculin à la musculature magnifiée et la femme-enfant.
Le prix des œuvres, lui, n’a rien de populaire, et s’étend de 80 000 à 120 000 euros. Les artistes et leur galerie tentent ainsi de limiter les tentations de revente rapide. Pierre et Gilles figurent, en effet, parmi les rares artistes français à posséder un vrai second marché, sur lequel leurs œuvres ont déjà atteint plusieurs fois des prix supérieurs aux enchères. Vu, également, le nouvel intérêt que leur ont récemment porté de grandes institutions comme le Leopold Museum à Vienne ou le Musée d’Orsay, les prix, bien que soutenus, apparaissent justifiés.
Nombre d’œuvres : 26
Prix : 80 000 à 120 000 €
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Dieux, demi-dieux, saints, stars et Narcisse
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 31 mai, galerie Daniel Templon, 30, rue Beaubourg, 75003 Paris, tél. 01 42 72 14 10
www.danieltemplon.com
du lundi au samedi 10h-19h.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°413 du 9 mai 2014, avec le titre suivant : Dieux, demi-dieux, saints, stars et Narcisse