Avec 45 galeries présentant toutes les formes du design, la foire – indépendante d’Art Basel —,continue de tracer son sillon
La foire bâloise consacrée au design, qui se tient en marge d’Art Basel du 14 au 19 juin, garde le cap, avec une recette presque inchangée cette année. Elle rassemble peu ou prou le même nombre d’exposants et reconduit ses programmes : « Design at Large », qui dévoile des architectures design sous la houlette de Martina Mondadori, et « Design Curio », petits cabinets de curiosités ponctuant l’espace.
Depuis onze ans, Design Miami/Basel a suivi de près l’évolution du marché du design. Pour Rodman Primack, aux commandes de l’événement, « la foire a contribué à dessiner le marché du design. Depuis sa création en 2005, le marché n’a cessé de croître, certes, pas autant que celui de l’art contemporain, mais il voit apparaître de nouveaux collectionneurs chaque semaine ». Aussi, la manifestation, qui ne comptait qu’une quinzaine d’exposants à ses débuts, en regroupe aujourd’hui près de cinquante. « S’il est important d’ouvrir, il faut aussi rester pertinent. Il n’y a pas cinquante bonnes galeries de design au monde ! », tempère Philippe Jousse.
Comme en 2015, donc, ils sont 45 exposants – dont 17 français –, et, si quelques départs sont enregistrés (Armel Soyer, Paris, et la galerie Seomi, Los Angeles), de nouvelles recrues pointent, à l’exemple de la galerie Gate 5 (Monaco) ou du parisien Alain Marcelpoil, un des seuls présentant du mobilier Art déco. À côté de ce pan mal représenté, Design Miami/Basel accorde une place de choix au design historique et contemporain, tant européen et scandinave qu’américain, depuis le design anthroposophique du début du XXe siècle représenté par Franck Laigneau (Paris) jusqu’à la création la plus récente que montre la Galerie Kreo, avec des artistes comme Konstantin Grcic.
L’historique ET le contemporain
Le design historique est notamment célébré par la galerie Pascal Cuisinier, qui présente le second volet de son exposition « French Collection », couvrant la période 1955-1960, à la suite du premier volet (1950-1955) présenté en 2014. Plus « chic » que le design de la première moitié des années 1950, celui-ci est porté par Pierre Guariche ou Joseph-André Motte. Pour Patrick Seguin, présent depuis la première édition, pas question de manquer ce rendez-vous : « La concomitance avec Art Basel est un facteur déterminant pour le succès de cette foire. Aujourd’hui, 95 % de mes collectionneurs sont aussi des collectionneurs d’art contemporain. » Le galeriste dévoile pour l’occasion un modèle inédit de Maison démontable 8 x 12 mètres, un prototype réalisé en 1948 par les Ateliers Jean Prouvé qui deviendra en 1952 le bureau d’études de l’architecte sur le site de l’usine de Maxéville.
Jousse Entreprise fait également la part belle à Jean Prouvé avec une grande Bibliothèque suspendue (1946) et présente simultanément la monographie qu’il publie sur les céramiques d’André Borderie. Toujours fidèle, la galerie new-yorkaise R & Compagny montre à côté de pièces historiques de Wendell Castle et de Joaquim Tenreiro – dont son iconique chaise à trois pieds (1947) –, des créations récentes issues de la série « Accretion » (2015) des Haas Brothers. « Plus passionnant que jamais, le marché compte de nombreux collectionneurs intéressés à la fois par le design historique et le design contemporain », souligne Zesty Meyers, cofondateur de la galerie. Quant à la galerie, également new-yorkaise, Magen H, pour laquelle Bâle constitue un tremplin vers sa clientèle européenne, elle propose des pièces de l’architecte Dominique Zimbacca, affilié au mouvement architectural dit « brutaliste ».
Plusieurs marchands parisiens se tournent vers le mobilier scandinave tels Dansk Mobelkunst, venue avec une commode d’Arne Jacobsen de 1933, et Maria Wettergren. Cette dernière organise une exposition mettant en parallèle design japonais et design nordique et leur intérêt commun pour les matériaux naturels, à travers des pièces de Rasmus Fenhann et d’Akiko Kuwahata.
Parmi les galeries exposant uniquement du design contemporain, Friedman Benda (New York) produit un solo show de Joris Laarman axé sur sa série « Microstructures » ; Philippe Gravier (Paris) se concentre sur les éléments d’architecture et le designer Claude Parent ; Gallery All (Los Angeles, Pékin) fait découvrir le design chinois de Naihan Li ou de Zhoujie Zhang, tandis que Sarah Myerscough (Londres) se focalise sur les contemporains qui travaillent le bois, à l’exemple de Christopher Duffy ou de Joseph Walsh.
Directeur : Rodman Primack
Nombre de galeries : 45
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Design Miami/Basel consolide sa formule
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°459 du 10 juin 2016, avec le titre suivant : Design Miami/Basel consolide sa formule