Gustave le Gray et la photo ancienne ont sauvé les résultats médiocres des nombreuses ventes aux enchères en marge de Paris Photo.
Paris - À l’aube du XXIe siècle, La Grande Vague de Gustave le Gray (1857) lançait une lame de fond en ouvrant le marché de la photographie. Vendu près de 800 000 euros chez Sotheby’s, ce clou de la collection André Jammes battait alors tous les records pour un tirage. Au terme d’une belle décennie, la photographie historique a pourtant commencé à se tasser. Aujourd’hui, le nombre de grands collectionneurs, de galeries spécialisées ou de passages en ventes publiques s’est réduit, et les institutions lui tournent le dos pour préférer son versant moderne et contemporain. « Paris Photo a un peu méprisé ce domaine historique en écartant plusieurs galeries, et des histoires de faux ont atteint la confiance dans ce marché », ajoute Serge Plantureux, expert.
En novembre, c’est pourtant la photographie ancienne, et notamment Gustave le Gray, qui viennent éclairer une saison bien terne. Le photographe était à l’honneur chez Binoche et Giquello à travers dix-huit vues de Paris. L’ensemble de ces épreuves albuminées étaient passées en vente courante à Drouot l’hiver dernier sans être identifiées et étaient alors parties pour quelque 80 000 euros. « Elles n’avaient ni tampon ni signature. Et Le Gray n’est pas le seul ni le plus connu à avoir réalisé de grandes vues de Paris », explique Serge Plantureux. À la suite de l’identification par cet expert, le vendeur avait demandé l’annulation de la vente. Pour son deuxième passage sous le marteau, l’ensemble a cette fois atteint près de 300 000 euros, cédé à une institution parisienne. Gustave le Gray était aussi à l’affiche chez Artcurial, non pas dans une vente de photo, mais dans celle de la collection d’Alfred de Vigny, avec un album de 130 photos, parfois inédites, de personnalités de l’époque. Un collectionneur européen a acquis l’ensemble 275 800 euros, presque le double de l’estimation.
De façon générale, la photographie ancienne a bien fonctionné, contrairement aux propositions modernes et contemporaines. Chez Christie’s, c’est la photographe Amélie Guillot-Saguez qui a mené la danse avec un cliché de Rome (254 500 euros). Une série de clichés d’Atget a également trusté le « top 10 » d’une vente bien en deçà des montants de l’an dernier, dont la moitié des lots n’a trouvé preneur. La collection Claude Berri avec son cliché star de Jeff Wall à Vancouver est, elle, passée loin de l’estimation. Sotheby’s, qui organisait deux ventes, l’une généraliste, l’autre d’une collection, a également vu ses attentes révisées à la baisse (respectivement 1,2 million d’euros et 453 000 euros). Encore une fois c’est la photographie ancienne qui a atteint les plus hauts prix : ainsi de la collection du peintre orientaliste Émile Charles Labbé, témoignage d’un voyage photographique au Mont Athos (497 500 euros, plus du double de l’estimation). Le lot phare signé William Eggleston restait sur le carreau, de même que près de 50 % des lots de la vente générale. À Drouot, 680 000 euros étaient réunis pour les archives de Pierre Molinier et 233 000 euros pour la vacation généraliste de Yann le Mouel. Le nouveau département photo Cornette de Saint Cyr est passé totalement à côté de sa vente (75 % d’invendus). Enfin, Piasa réserve sa vente pour le mois de décembre, de même qu’Artcurial qui présente une vente monographique Willy Ronis.
(1) Toutes les estimations sont indiquées hors frais acheteur, tandis que les résultats sont indiqués frais compris.
Binoche et Giquello, le 10 novembre
Résultat : 274 500 €
Estimation : 222 000 €
Christie’s Photographie, le 10 novembre
Résultat : 2 M €
Estimation : 2 M €
Photographie – collection de Claude Berri, le 12 novembre
Résultat : 820 750 €
Estimation : 1 M €
Sotheby’s Photographies de Atkins à Warhol, importante collection européenne, le 11 novembre
Résultat : 1,6 M €
Estimation : 2-3 M €
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Des vacations peu flamboyantes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°468 du 25 novembre 2016, avec le titre suivant : Des vacations peu flamboyantes