Les enseignes londoniennes portées par la santé du marché britannique.
LONDRES - Dopées par un marché toujours très florissant, certaines galeries londoniennes affichent leur réussite avec une énergie presque insolente, que traduisent de récentes ouvertures d’espaces qui, parfois, confinent à une course au gigantisme parfaitement assumé.
C’est en la matière White Cube qui fait la plus forte impression avec sa nouvelle galerie de Manson’s Yard, ouverte à la fin du mois de septembre à deux pas de la très chic Old Bond Street. Planté au centre d’une cour austère, un énorme parallélépipède de béton gris et blanc renferme deux niveaux d’exposition, offerts pour l’occasion à Gabriel Orozco qui vient de rejoindre la galerie. Si au rez-de-chaussée ses peintures de la série Samurai Tree (2006) ennuient, apparaissant telle une énième déclinaison de ses recherches sur la permutation du cercle dans l’espace, le sous-sol s’emplit d’une impressionnante Dark Wave (2006) : un squelette de baleine long de 14 mètres, suspendu au plafond, sur lequel l’artiste a redéfini la « topographie de l’objet » en y dessinant au crayon un réseau géométrique qui bouleverse l’association entre image et forme. Le résultat est spectaculaire (jusqu’au 11 novembre).
Beaucoup de bruit pour rien
Dans son espace de Hoxton Square, Jay Jopling proposait également une belle série de travaux récents de Katharina Fritsch, avec des agrandissements de cartes postales de son enfance où seules subsistent des couleurs primaires (jusqu’au 21 octobre).
Séparées de Simon Lee, Monika Sprüth et Philomene Magers ont inauguré, avec les photos de la série Equilibres (1984-1985) de Fischli & Weiss, pour une semaine seulement, leur future antenne londonienne située dans une ancienne boutique, immanquable dans la perspective de Grafton Street.
Dans le East End, Hauser & Wirth a poursuivi la course au gigantisme en inaugurant, dans un immense entrepôt, une troisième étape londonienne confiée aux bons soins de Christoph Büchel (jusqu’au 18 mars). Passant de chambres claustrophobiques à des amas de câbles, réfrigateurs ou téléviseurs via des couloirs inhospitaliers, le visiteur y perd son latin. Sans doute est-ce l’effet recherché, mais reste au final la désagréable impression que l’artiste et le galeriste qui lui offre tant de moyens font beaucoup de bruit pour rien ! L’espace de Piccadilly n’est pas mieux doté avec les peintures et dessins du jeune artiste polonais Jakub Julian Ziolkowski. Ses paysages, corps ou organes distordus paraissent au mieux indigents, et à dix mille lieux des influences de Rousseau et des surréalistes qu’ils revendiquent (jusqu’au 28 octobre).
Glenn Ligon a réussi chez Thomas Dane un accrochage dépouillé qui met bien en valeur ses peintures à base de textes, toujours axées sur les questions des minorités ethniques et sexuelles. D’une redoutable efficacité visuelle et sémantique, son néon noir Negro Sunshine claque comme une évidence (jusqu’au 18 novembre).
Enfin, chez Stuart Shave/Modern Art, c’est la jeune Anglaise Katy Moran qui fait mouche avec ses petits tableaux abstraits tout en mesure. Les compositions, toujours parfaitement maîtrisées, sont issues d’images trouvées sur Internet qui ne sont que prétextes à un départ tant elles deviennent insoupçonnables à force de recouvrements. La palette fait un rien Angleterre grand siècle. Alliée à une touche légère et aérienne, elle convie à flotter au-dessus d’un paysage qui n’en est pas un (jusqu’au 12 novembre).
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Démesure
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°246 du 3 novembre 2006, avec le titre suivant : Démesure