Le Grand Palais, à Paris, est-il vraiment le lieu le plus approprié pour tous les salons ? Le Salon du dessin s’est refusé à y aller, même lorsque le Palais Brongniart risquait de lui échapper. Car le dessin nécessite de l’intimité et, surtout, il exècre la lumière.
Paris Photo a fait le choix inverse en quittant le Carrousel du Louvre pour prendre pied, du 9 au 13 novembre, sous la verrière du Grand Palais. La commercialisation et la communication autour du Carrousel et des dates du salon (du 17 au 20 novembre) avaient pourtant été lancées en novembre dernier. Les vintages requièrent aussi un cadre intimiste et pourraient pâtir de l’effet de serre du bâtiment. « Il n’y a pas plus de problème au Grand Palais qu’au Carrousel, ils sont juste différents. Au Carrousel il y avait beaucoup de poussière et trop de chaleur », estime la galeriste parisienne Françoise Paviot, membre du comité de sélection. Le changement de calendrier est en revanche problématique, puisqu’il se rapproche désormais de la Toussaint qui voit Paris déserté de ses amateurs, tandis que se tiennent les ventes d’art contemporain de New York. On peut aussi supposer que le tarif au mètre carré de la foire grimpera de manière significative. Or l’économie de la photographie est plus fragile que celle de l’art contemporain. Pour l’heure, Reed Expositions, organisateur de l’événement, ne fournit aucun prix.
Le déménagement semble plus précipité que préparé. « Ce sera forcément plus cher, mais pas du niveau de la FIAC, assure Jean-Daniel Compain, directeur du pôle « culture et loisirs » de Reed Expositions. On va chauffer le Grand Palais aussi bien pour Paris Photo que pour la FIAC. Le coût ne sera pas répercuté sur les exposants. J’ai l’accord du groupe pour accompagner les galeries pendant deux ans. » Chauffer un bâtiment de 35 mètres sous plafond semble toutefois audacieux. Jusqu’à présent, aucune solution efficace n’a été trouvée. Ce déménagement signale-t-il un futur développement de la manifestation ? Peut-on imaginer une mutualisation des coûts avec la FIAC, d’autant plus que cette dernière connaîtra sans doute un manque à gagner avec la suppression des exposants dans la Cour carrée du Louvre ? « Ce sont des événements gérés avec des budgets différents. Je ne veux pas plus d’exposants au détriment de la qualité, mais il y a des personnes sur liste d’attente qui mériteraient d’être à Paris Photo, défend Jean-Daniel Compain. Les galeries se plaignent depuis des années qu’on n’ait pas plus de place à leur donner, et certaines enseignes d’art contemporain ne voulaient pas entendre parler du Carrousel. Je suis sûr que le déménagement va donner, à Paris Photo, une visibilité inégalable. » Il n’est toutefois pas sûr que les galeries d’art contemporain de la FIAC aient envie d’enchaîner deux foires, à Paris, à deux semaines d’intervalle. Le déménagement s’accompagne enfin d’un changement de direction. Guillaume Piens, qui avait assuré le succès des trois dernières éditions et lancé la plateforme africaine pour l’édition 2011, cède la place à Julien Frydman, ancien directeur du bureau de l’agence Magnum Photos à Paris. Un départ que ni l’intéressé ni Jean-Daniel Compain n’ont souhaité commenter.
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Déménagement précipité
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°342 du 4 mars 2011, avec le titre suivant : Déménagement précipité