BOLOGNE / ITALIE
Les foires nationales sont toujours des événements « entre-deux », avec les qualités et les faiblesses liées à leur provincialisme. Arte Fiera, à Bologne, n’échappe pas à la règle.
BOLOGNE - Malgré le nettoyage opéré ces dernières années et un plan très aéré, le salon pèche par sa taille et son hétérogénéité. Il offrait cette année une section moderne faiblarde et un axe contemporain plutôt kitsch. Hormis quelques exceptions, comme les choix rigoureux de Posibila (Bucarest) ou de Raffaella Cortese (Milan), le regard butait sur un art clinquant, pailleté, bruyant, presque infantile. Dans le grand déballage ambiant, quelques poches de résistance s’imposaient toutefois, comme le bel accrochage dédié aux photographes italiens des années 1970 chez Enrico Fornello (Prato) ou le face-à-face intelligent entre deux météorites de l’histoire de l’art italien, Pino Pascali et Paolo Scheggi chez Colossi Arte Contemporanea (Brescia). Car voilà tout l’intérêt de Bologne pour le visiteur blasé des grandes foires internationales : la possibilité d’y découvrir des artistes transalpins souvent méconnus, comme l’excellent Fabrizio Plessi, exposé par la galerie Mauroner (Vienne) ou le travail très baroque et intrigant de Luigi Ontani chez Lorcan O’Neill (Rome), en parallèle d’une exposition au MAMbo (Museo d’Arte Moderna de Bologne).
Si en France la perspective d’une échéance électorale paralyse généralement les collectionneurs, les Italiens semblent moins sensibles aux grands chambardements politiques de leur pays. Aux lendemains de la chute du gouvernement de Romano Prodi, les visiteurs se bousculaient aux portes du salon. Déjà l’an dernier, une tempête de neige n’avait pas réussi à freiner leurs ardeurs ! Néanmoins, si la foule fut dense, elle fut moins active que l’an dernier. La Galerie Di Meo (Paris) a vendu neuf œuvres en trois jours, mais principalement à des étrangers. De son côté, Jérôme de Noirmont (Paris) a notamment cédé une photo de Valérie Belin à un grand collectionneur napolitain, en attendant de concrétiser d’autres touches. Le couturier Jacopo Etro a, quant à lui, acheté une sculpture de Nicolas Touron chez Virgil de Voldere (New York). Mais la plupart des exposants avaient surtout vendu de petites choses. « C’est plus difficile que l’an dernier, résumait Massimo Minini (Brescia). Le monde réel ne va pas bien et pendant longtemps l’art se sentait au-delà de tout ça, sur un nuage. Il faut bien retomber dans la réalité. »
Qui connaît Sabrina Mezzaqui, Alberto Di Fabio ou Emilio Tadini ? Pas grand monde sorti de l’Italie. Les artistes transalpins souffrent encore plus que leurs homologues français d’un manque de reconnaissance à l’étranger. Si les créateurs hexagonaux ont peiné à s’imposer en raison d’un marché longtemps exclusivement institutionnel, les Italiens souffrent eux du mal inverse : l’absence de soutien étatique. « Il est très difficile de faire un travail de fond car les musées italiens ne s’intéressent qu’à un groupe, l’Arte povera, ou à ceux qui sont dans cette lignée, observe de son côté Antonella Villanova, directrice de la galerie Alessandro Bagnai (Florence). Au Castello di Rivoli, on ne peut voir que de l’Arte povera, un peu de Trans-avant-garde, ou des artistes adoubés par le marché américain comme Cattelan. Les musées d’art contemporain sont encore plutôt xénophiles. Et pourtant les artistes italiens sont bons, et ont des prix risibles par rapport aux standards internationaux. »
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Découvertes transalpines
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°274 du 1 février 2008, avec le titre suivant : Découvertes transalpines