Collectionneurs - Disparition

Décès brutal du collectionneur Sindika Dokolo

Par Olympe Lemut · lejournaldesarts.fr

Le 2 novembre 2020 - 474 mots

DUBAÏ / ÉMIRATS ARABES UNIS

L'homme d'affaires et collectionneur congolais est décédé le 29 octobre des suites d'un accident de plongée à l'âge de 48 ans.

Sindika Dokolo. - Courtesy photo Galerie Didier Claes
Sindika Dokolo.
Courtesy Galerie Didier Claes

Destin hors du commun pour cette personnalité africaine. Né en 1972 à Kinshasa (RDC) il avait fait ses études en Europe, notamment chez les jésuites de Saint Louis de Gonzague dans le 16e arrondissement parisien. De père congolais et de mère danoise, Sindika Dokolo a baigné très jeune dans un milieu international et représentait la nouvelle génération de leaders africains. Devenu rapidement entrepreneur à succès il avait investi dans l'industrie minière et la téléphonie en Angola, pays de son épouse Isabel Dos Santos, fille de l’ex-président angolais. Le couple s'était rapidement retrouvé à la tête d'un empire financier sans équivalent sur le continent africain.

Un soutien des artistes africains

Collectionneur de longue date, il avait créé une fondation à son nom à Luanda et finançait des expositions d'artistes africains dans le monde, comme en 2007 à Venise pour l'Angola : c'était la première fois qu'il y avait un pavillon africain à la Biennale. Sa fondation était également à l'origine de la Triennale de Luanda, et soutenait les artistes africains dans les foires internationales comme 1.54 à Londres. Également défenseur de l'art africain ancien il prônait le retour du patrimoine africain sur le continent, et avait lui-même négocié en 2019 pour rendre au musée de Dundo (nord de l'Angola) une vingtaine d'objets présents dans des musées européens. 

Une partie de sa collection de 5 000 œuvres avait été exposée à Porto au Portugal puis à Bruxelles en 2019, au Palais des Beaux-Arts (Bozar) : l'exposition « IncarNations » présentait côte à côte des masques africains et des oeuvres d'artistes contemporains (Kendell Geers, Peter Hugo, Lubaina Himid, Zanele Muholi) pour affirmer une continuité artistique entre les deux éléments de sa collection. 

Au-delà de ses fréquentations avec la jet set, le collectionneur avait réussi à nouer des relations étroites avec les commissaires d’exposition et critiques d'art du continent, comme Simon Njami et Marie-Ann Yemsi. Il était également soutenu par des galeristes, dont Didier Claes (Bruxelles) qui l'avait aidé à enrichir sa collection d'art africain ancien. Pour ce dernier, Sindika Dokolo « avait l'ambition d'être le premier africain à monter une des plus belles collections d'art africain au monde », une ambition qui s'est effectivement concrétisée grâce à leur amitié. 

Les « Luandaleaks »

La réputation de l’homme d’affaires avait été ternie ces dernières années à la suite d’enquêtes judiciaires portant sur des détournements de fonds estimés à 1 milliard de dollars, des détournement révélés dans les « Luandaleaks » où son nom et celui de son épouse sont cités. Les avoirs du couple en Angola avaient été gelés, et celui-ci s’était alors installé à Dubaï. 

Les autorités locales ont fait savoir que le décès du collectionneur était dû à un accident alors qu'il pratiquait la plongée en apnée et sans équipement.
 

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