Des livres anciens et modernes (incunables, livres d’heures gothiques, reliures décorées...) seront mis en vente le 23 juin, à l’hôtel Ambassador, par les études Piasa et Denesle. Quelques jours plus tard, le 2 juillet, les mélomanes seront à la fête à l’occasion de la dispersion, par l’étude Pescheteau-Badin, Godeau & Leroy, de la collection André Meyer d’œuvres de musique baroque.
PARIS - Une édition originale des “discours” de Galilée datant du XVIIe siècle, un missel incunable du XVe, un antiphonaire siennois de la fin du XVe, telles sont les pièces exceptionnelles qui seront dispersées le 23 juin par les études Piasa et Denesle (Rouen), avec le concours de l’expert et libraire Dominique Courvoisier. Le produit total attendu est de 3,8 millions de francs.
Parmi les pièces phares, signalons l’ouvrage dans lequel Galilée définit la mécanique de l’accélération des corps tombants. Présenté dans une reliure à la fanfare extrêmement rare, attribuée à Le Gascon, il est considéré comme le premier livre moderne sur la physique (800 000-1 million de francs). Autre pièce remarquable, un missel incunable, chef-d’œuvre de Martin Morin, premier imprimeur établi à Rouen. Il est orné de figures sur bois, dont deux en pleine page, et imprimé sur vélin en grands caractères gothiques, avec toutes les initiales peintes en or sur fond rouge et bleu (350-400 000 francs). À noter aussi cet exemplaire des Fioretti de saint François d’Assise, tiré à 120 exemplaires, qui comprend un frontispice et 79 compositions en couleur de Maurice Denis, gravés sur bois (40-50 000 francs). Ou encore un livre d’heuresd de 1552 imprimé en caractères gothiques, orné de bordures et de figures gravées sur bois. Il renferme la planche de l’homme anatomique ainsi que 58 grandes figures pour le calendrier, les saints et les saintes (60-80 000 francs). Celles-ci représentent des épisodes de l’Ancien et du Nouveau Testament : la Mise au tombeau, la Résurrection, saint Thomas touchant les plaies... Cet exemplaire, imprimé sur vélin dans une reliure en maroquin noir dite macabre, est décoré de symboles liturgiques sur fond de semé de larmes. Une note beaucoup plus gaie sera apportée par la collection de 20 peintures de fleurs inédites exécutées à la gouache ou à l’huile par Madame de Genlis, qui doit sa renommée à ses nombreux romans Chacune de ces compositions sur vélin ou papier est montée sur un support rigide avec encadrement de filets (350-400 000 francs). Citons enfin cet antiphonaire siennois de la fin du XVe siècle, orné de 20 grandes peintures et initiales décorées de plusieurs couleurs, qui est l’un des plus beaux exemples connus d’écriture musicale.
Les manuscrits musicaux seront également à l’honneur le 2 juillet à Drouot Montaigne, lors d’une vente orchestrée par l’étude Pescheteau-Badin, Godeau & Leroy : la collection André Meyer d’œuvres de musique baroque, fruit de toute une vie de chine en Europe et aux États-Unis. La vénération que vouait André Meyer à la musique était telle que dans les années vingt, il avait acheté l’immeuble du 44 rue des Petits-Champs que Lully avait fait construire en 1663 pour y habiter. Cette collection remarquable comprend plusieurs manuscrits de Jean-Baptiste Lully, dont le Divertissement d’Anet, composé en 1687, dans un recueil relié en veau blond (40-60 000 francs), et Acis et Galatée, commandé au compositeur par le duc de Vendôme pour une fête donnée en l’honneur du Dauphin (50 000 francs). Cette première édition inclut 6 pages manuscrites, dont l’une serait de la main de Jean-Baptiste Lully. Également au programme, cinq opéras – Persée, Roland, Proserpine, Thésée et Amadis – de celui qui fut surintendant de la musique de Louis XIV et maître de musique de la famille royale. Les œuvres sont reliées en maroquin rouge très orné, dos à fleuron répété au vase fleuri, de rares reliures qui datent de la création des opéras, entre 1680 et 1688 (100 000 francs). Une centaine de manuscrits et d’imprimés seront proposés, parmi lesquels des autographes d’écrivains, des partitions manuscrites d’Offenbach, Auber, Saint-Saëns, Rossini et Bach, ainsi que des ouvrages retraçant la vie de compositeurs du XIXe siècle, notamment le Voyage musical en Allemagne d’Hector Berlioz. Une importante iconographie sur le monde de la musique sera également dispersée, des tableaux, dessins et lithographies représentant des musiciens, des compositeurs et danseurs, dont une peinture à la cire de Nijinski dans l’Après-midi d’un faune par Valentine Hugo (100 000 francs), et divers instruments de musique : violes, violons, clavecins et pianos.
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De saint François d’Assise à Lully
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°63 du 19 juin 1998, avec le titre suivant : De saint François d’Assise à Lully