Le fonds Blanc et Demilly a séduit les amateurs de photographies.
PARIS - Un peu plus de six cents photographies signées Théo Blanc et Antoine Demilly, duo de photographes lyonnais de l’entre-deux-guerres, étaient dispersées sous le marteau d’Alexandre Millon, le 13 octobre à Drouot Montaigne. Fruit d’un travail fastidieux pour faire découvrir ce fonds familial qui a démarré par l’édition d’un luxueux catalogue numéroté, suivie par l’organisation d’une très belle exposition de l’œuvre des photographes, plus de la moitié des tirages ont trouvé preneurs. Vu la quantité de photographies livrées aux enchères et compte tenu du faible niveau de reconnaissance des artistes, c’est un très bon résultat. Avant cette vente, les quelques photos de Blanc et Demilly qui passaient aux enchères se vendaient entre 500 à 1 000 euros. En montrant toutes les facettes du travail des photographes, la vente Blanc et Demilly a permis d’en faire ressortir les meilleurs aspects et de doubler en moyenne la cote de leurs images. « Le pari a été rempli de les faire connaître, se félicite Christophe Gœry, l’expert photo de la maison Millon. Ont répondu à l’appel les collectionneurs de photographies et les professionnels du domaine, des acheteurs lyonnais (cependant moins que je ne le croyais) ainsi qu’une part non négligeable d’amateurs d’art qui se sont laissés séduire par ce qu’ils découvraient. »
Nombreuses « after-sales »
Deux images quasi-abstraites de Gouttes d’eau (vers 1950), exceptionnels grands tirages d’exposition (2 x 1,1 m), ont été adjugées 8 125 euros, l’un à un particulier lyonnais, l’autre à un jeune collectionneur français. Ce dernier a aussi emporté Ampoules (vers 1939), autre image d’une incroyable modernité, pour 5 250 euros. Dans un registre différent, La Nageuse (vers 1939) a doublé son estimation haute sur une enchère de 4 000 euros. Les vues de Lyon saisies avec l’œil moderne des photographes ont séduit un large public. La quarantaine de tirages qui avaient été exposés en juin 2000 au Centre Pompidou à l’occasion de l’exposition rétrospective intitulée « Blanc et Demilly – Photographes à Lyon 1924-1962 » a connu un grand intérêt, tels Place Saint Jean (vers 1930-1932) partie à 4 937 euros ; Carrefour de l’Annonciade (1932) vendu 5 500 euros ou encore Le Marché Saint-Antoine (1930) adjugé 3 500 euros. Fourvière dans la brume (vers 1935-1939) a même été disputé jusqu’à 6 500 euros. « Je ne m’attendais pas à ce prix-là pour cette vue un peu plus classique de Lyon, lance l’expert. Mais je suis ravi que les personnes qui ont enchéri sur cette photo, aient apprécié une belle image photographique avant d’y voir la ville de Lyon. » Les acheteurs étrangers dont quelques Américains ont été captivés par les prises de vues mettant en scène des jeux d’ombre et de lumière, ainsi que par une série de natures mortes comprenant plusieurs compositions au Petit-déjeuner, parfois acquises à plus de 2 000 euros l’unité.
La série des Affiches de rue et, d’autre part, celle des voyages (Norvège, Espagne, Italie, Yougoslavie, Maroc) ont en revanche moins marché. Les images de Bretagne n’ont pas plus déchaîné les passions. Autre constat, les nus étaient représentés en trop grande quantité : une fois que les collectionneurs de nus ont acheté leur épreuve, l’intérêt pour ce sujet classique moins novateur est retombé comme un soufflé.
Dans les jours qui ont suivi la vente, nombre de personnes se sont réveillées, demandant à la maison de ventes la permission de piocher parmi les lots invendus, dans le cadre de l’after-sale. Avec une telle quantité d’images, n’aurait-il pas été plus judicieux de proposer l’ensemble Blanc et Demilly au moment de la foire internationale Paris Photo (lire p. 17), afin d’élargir le public d’acheteurs ? « Surtout pas, répond Christophe Gœry. Je sais par expérience que les gens n’ont pas la capacité visuelle de voir trop d’images (celles de la vente plus celles du salon). »
- Résultats : 350 000 euros
- Nombre de lots vendus/invendus : 341/263
- Lots vendus : 56,5 %
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De l’ombre à la lumière
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°290 du 31 octobre 2008, avec le titre suivant : De l’ombre à la lumière