Avec “Delacroix et mes modernes”?, Peter Nathan commémore à la fois le bicentenaire de l’artiste et le centenaire de Lapicque. Un hommage à des modernes français, victimes, à ses yeux, de l’engouement pour les peintres américains.
ZÜRICH. Des grottes de Lascaux à aujourd’hui, les animaux ont toujours inspirés certains artistes. Charles Lapicque a été de ceux-là. Il fréquentait souvent le Jardin des Plantes ou le Zoo de Vincennes et était fasciné par la force, la souplesse et l’élégance des tigres. Trois portraits de ces félins, réalisés en 1960 et 1961, sont présentés à la galerie Nathan de Zurich. Tous, dans la gamme chromatique si particulière au peintre, exaltent la noblesse, voire la sagesse du fauve. Ils participent à une exposition intitulée “Delacroix et mes modernes” (jusqu’au 6 mars), car le galeriste zurichois a décidé de commémorer le centenaire de Lapicque et le bicentenaire de Delacroix, et, par-là même, de rendre hommage à des artistes français, engloutis, à ses yeux, par la vague américaine. L’important catalogue rappelle que Delacroix, lui aussi, se rendait au Muséum d’histoire naturelle pour “croquer” du tigre, avant de le faire vivre dans des aquarelles saisissantes où on le voit attaquer un cheval. Le peintre voyageur a laissé ensuite des tableaux comme la Chasse aux tigres ou le Jeune tigre jouant avec sa mère. Si cette toile appartient au Louvre, d’autres Delacroix reflétant la variété de ses sujets d’inspiration sont accrochés dans l’exposition. Le tableau d’histoire est représenté par Le Tasse et l’étude tardive du Démosthène, la religion par le Christ sur le lac de Génésareth... L’hommage réunit sept autres artistes, dont Bazaine, Chaissac, Estève, Nicolas de Staël. “Il n’y a guère de pays où l’art soit si intimement lié à l’histoire et à la culture autochtone qu’en France jusqu’aux années soixante. L’hégémonie américaine a détruit cette conscience que la France avait d’elle-même et rendu impossible qu’elle en retrouve une nouvelle”, déplore Peter Nathan.
Jusqu’au 6 mars, galerie Nathan, Arosastrasse 7, 8008 Zürich, tél. 41 1 422 45 50, du mar. au ven. 14h-18h, sam. 11h-16h.
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De Delacroix à Lapicque
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°73 du 18 décembre 1998, avec le titre suivant : De Delacroix à Lapicque