PARIS
Sous le titre « Reading De Chirico », la galerie Tornabuoni met en parallèle les peintures de l’artiste italien et ses écrits.
Dans l’immense espace situé au Passage de Retz, la galerie Tornabuoni Art montre 29 œuvres de Giorgio De Chirico (1888-1978), près de dix ans après la rétrospective de l’artiste au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, en 2009. « Avec l’exposition à Londres [Tornabuoni Art London, oct. 2017-janv. 2018], un intérêt plus fort s’est manifesté pour voir des œuvres du maître à Paris, ville qu’il aimait tant et au cœur de sa production métaphysique », explique Roberto Casamonti, fondateur de l’enseigne. En parallèle, douze écrits (poèmes, textes critiques, lettres…), prêtés par des collectionneurs privés, éclairent son œuvre peint, une manière originale d’explorer le monde de l’artiste. « Giorgio De Chirico a toujours beaucoup écrit. Tout comme la peinture, l’écriture lui permettait d’exprimer sa créativité et sa manière de penser. Ses écrits reprennent les thèmes de ses tableaux et expliquent les notions qui lui sont chères. Surréalistes, fantastiques, ses textes transportent directement le lecteur dans son univers et permettent de comprendre sa pensée, source d’inspiration de ses peintures », commente le marchand. L’exposition, accompagnée d’un catalogue, est organisée non de façon chronologique mais par thèmes, qu’il explorait en alternance. Les prix des œuvres oscillent entre 250 000 euros et plusieurs millions d’euros. « Celles des années 1910 sont introuvables et se chiffrent en millions », précise Elizabeth de Bertier, de Tornabuoni Art London.
Une Grande Tour rare
La visite débute par une peinture atypique dans le corpus de l’artiste, une œuvre de jeunesse (1909) qui, avec son temple représenté au second plan, illustre déjà le thème de la mythologie, bientôt récurrent. Dans la première salle sont accrochées ses œuvres « métaphysiques », figurant ses célèbres mannequins : Mannequins guerriers (deux archéologues), 1926 (2,1 M€), Hector et Andromaque, 1955, ou bien La Grande Tour de 1915 (6,1 M€) – rare sur le marché. Y sont présentées aussi Place d’Italie avec piédestal vide, 1955 (475 000 €), et Place d’Italie avec statue, 1960 : une impression de calme y règne, la scène est statique hormis les drapeaux qui flottent au vent, comme un paradoxe entre la réalité et le rêve.
La deuxième salle est consacrée aux œuvres dites « baroques », plus classiques. On y trouve un thème cher à l’artiste, le cheval (Homme à cheval, 1929, 450 000 €), mais aussi Nature morte au homard et statue d’Apollon, 1922 (3 M€), les nus et les portraits. Dans ces tableaux, De Chirico insère un morceau de mythologie, « ce qui fait qu’on ne peut situer le tableau ni dans le temps ni dans un lieu », observe Elizabeth de Bertier. Viennent ensuite les peintures mythologiques, à l’exemple de Divinités au bord de la mer, 1933, mais aussi par sa série la plus rare, celle des Bains mystérieux (dont une version de 1968 est affichée à 880 000 €), représentant des hommes immergés dans des piscines remplies « d’eau-parquet » (selon les termes de l’artiste). Cette série a commencé par un ensemble de lithographies réalisées pour Mythologie (1934) de Cocteau, dont une sélection est montrée ici.
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De Chirico en mode majeur
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jusqu’au 24 février, Galerie Tornabuoni, 9, rue Charlot, 75003 Paris
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°495 du 16 février 2018, avec le titre suivant : De Chirico en mode majeur