Me Rogeon disperse le mobilier historique de Sourches. Deux miniatures Siyer-e Nebî, cinq pliants de Louis XVI, une paire de commodes, des négatifs de Stéphane Geoffray ont été préemptés par différents musées et la B.N.
PARIS - Après la controverse, l’esclandre. Le 18 avril, lors de la vente, vivement critiquée, d’objets d’art et de bel ameublement historique en provenance du château de Sourches, Me Pierre-Marie Rogeon a fait expulser de la salle – pourtant lieu public –, une équipe de télévision du Tokyo Boadcasting System.
Décidément discret, le commissaire-priseur avait omis de mentionner le nom du château sur son catalogue. Ancienne propriété de la famille des écrivains Guy et Jean des Cars, le château de Sourches a été acheté il y a une dizaine d’années par la société d’investissement japonais Nippon Sangyo. Celle-ci a mis en vente une bonne partie du contenu de Sourches après avoir fait disperser, par le même commissaire-priseur, des meubles et tapisseries du château de Rosny, une de ses autres propriétés.
Les huit objets (sur 179 lots), classés monuments historiques, ont totalisé 1,6 million de francs, frais inclus : un portrait de Louis XVI en costume de Sacre, de Frédou, a été vendu 490 000 francs, un mobilier comprenant trois fauteuils et une bergère, estampillés Gourdin, adjugé 260 000 francs, tandis qu’un mobilier de salon de neuf pièces, estampillées par le même ébéniste, a atteint 500 000 francs.
Très grand succès, à la hauteur de leur importance artistique, pour les cinq miniatures ottomanes provenant du manuscrit Siyer-e Nebî, peintes à Istanbul en 1595 pour le sultan Murad III, et vendues par Mes Audap, Solanet, Godeau et Velliet le 15 avril. Les lots N° 1 (le Miracle de la multiplication des mets, estimé 140-160 000 francs) et N° 2 (la Rencontre du berger et de Gabriel, estimée 150-180 000 francs), ont été achetés pour 330 000 et 610 000 francs par le même collectionneur étranger. Les lots N° 3 (le Miracle des abeilles, estimé 150-180 000 francs) et le N° 4 (la Bataille de Badr, estimée 150-180 000 francs), ont été préemptés pour le Musée du Louvre pour 230 000 et 490 000 francs. Le cinquième lot, Une collation, estimé 100-120 000 francs, a été adjugé 280 000 francs.
Quatre millions pour un secrétaire Carlin
Interdite de sortie du territoire, la suite de cinq pliants provenant de la chambre de Louis XVI au château de Saint-Cloud – en bois laqué crème et doré, somptueusement sculptés –, a été préemptée par le Musée de Versailles à 3,1 millions de francs, lors de la vente de tableaux anciens, mobilier et objets d’art, de Mes Couturier et Nicolay, le 31 mars, qui totalisa 22,6 millions de francs, avec plus de 90 % du produit vendu. Une paire de commodes Louis XV, en laque de Chine, estampillée Mathieu Criaerd, a également été préemptée par la Réunion des musées nationaux à 590 000 francs lors de la même vente, dont la vedette était un secrétaire en cabinet, en ébène et placage d’ébène, l’intérieur plaqué de bois de rose, d’amarante et de satiné, estampillé M. Carlin, adjugé 4 millions de francs à un collectionneur suisse.
L’étude Ader-Tajan est satisfaite de sa vente à l’hôtel George V, le 29 mars, de trente-huit tableaux hollandais et flamands du stock de la célèbre Galerie Waterman d’Amsterdam. Malgré la présence de quelques marchands hollandais et une dizaine de collectionneurs parisiens (mais en l’absence de marchands londoniens), la moitié des lots n’ont pas atteint les estimations basses, et onze seulement des tableaux ont atteint ou dépassé leur estimation haute. Ces estimations étaient, à vrai dire, résolument optimistes – et sans doute fort attrayantes pour le vendeur. En l’absence de prix de réserve, tous les lots ont été vendus. Les Proverbes flamands de Pierre Brueghel le jeune, dit Brueghel d’Enfer, présentés plus tard dans la soirée, et estimés entre 4 et 6 millions de francs, n’ont cependant pas trouvé preneur. Me Tajan n’a pas réussi à renouveler le succès du Canaletto vendu 66 millions de francs en décembre dernier, avec un autre tableau, nettement plus petit et moins beau, du même maître. Vue du pont de Westminster n’a pas atteint son estimation basse de 10 millions de francs.
La vente, par Me Vincent Wapler le 29 mars, du très intéressant fonds de négatifs-papier représentant Charlieu et ses environs, réalisé entre 1850 et 1860 par le photographe Stéphane Geoffray, a enregistré des résultats fort satisfaisants. La Bibliothèque Nationale a préempté vingt-trois lots, dont des vues du couvent des Cordeliers et du couvent des Ursulines, ainsi qu’un panoramique de onze négatifs pris de la tour Philippe Auguste. Le Musée de Chalons a acquis seize autre clichés.
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De bonnes ventes et des préemptions
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°3 du 1 mai 1994, avec le titre suivant : De bonnes ventes et des préemptions