De Balthus à Duino

Deux grandes dispersions annoncées en juin

Le Journal des Arts

Le 18 avril 1997 - 587 mots

Maître Briest dispersera trois importantes collections de peinture moderne et de céramique les 17, 18 et 20 juin à Drouot-Montaigne, avec notamment les tableaux de Balthus et de Picasso du collectionneur et marchand André Gomès. L’Italie sera à l’honneur avec la dispersion sur place du mobilier du magnifique château de Duino, du 11 au 14 juin, par Mes Beaussant et Lefèvre.

PARIS. Avec 200 tableaux dont 35 de Balthus, et des œuvres de Picasso, Miró, Léger, Brauner, Tanguy entre autres, la peinture moderne sera particulièrement bien représentée chez Me Briest, grâce à l’extraordinaire collection d’André et Henriette Gomès, dispersée les 17 et 18 juin. Lié d’amitié avec l’avant-garde des artistes depuis 1938, ce couple de galeristes et de collectionneurs était particulièrement proche de Picasso et de Balthus, dont ils furent les ardents défenseurs. Exposée dans leur galerie dès 1946, l’œuvre de Balthus occupe une place prépondérante dans cette dispersion, avec des huiles, dessins et aquarelles, dont un Grand Paysage , huile de 1960 estimée entre 800 000 et un million de francs, une Étude pour le lever de 1955 et un Grand nu couché de 1965-1966, deux dessins au crayon estimés chacun 300 à 400 000 francs. Offert à Henriette Gomès, alors collaboratrice de Pierre Loeb, L’as de Trèfle de Picasso, un papier collé de 1912, est évalué 500 à 700 000 francs, tandis que le portrait de Dora Maar, un dessin de 1941 est estimé 700 à 900 000 francs. Deux œuvres de Miró sont à signaler : un dessin-collage de 1933, estimé 1 à 1,5 million de francs, et une peinture-objet de 1934, estimée 1 à 1,3 million de francs. Le fond de la tour, une huile sur toile exécuté par Tanguy en 1933 devrait atteindre entre 1,5 et 2 millions de francs. D’une autre collection, un papier collé et dessin "cu­biste" de Picasso, intitulé L’Espa­gnol et daté de 1912, est estimé de 4 à 6 millions de francs. Le 20 juin sera mise en vente la collection de faïences du pharmacien parisien Louis Cotinat, qui comprend des pièces d’exception comme un vase Albarello toscan, vers 1500, une bouteille de Deruta à décor d’Amphitrite, vers 1530, ou la rare chevrette a berettino de Faenza, vers 1520.

Souvenirs de Liszt et Rilke
Du 11 au 14 juin, Mes Beaussant et Lefèvre cèderont momentanément le marteau à l’étude italienne Stadion, lors de la vente de mobilier du château de Duino, près de Trieste, qui leur a été confiée par le prince della Torre e Sasso, descendant de la branche italienne des Thurn und Taxis. Une élite d’artistes, musiciens et poètes, tels Rilke, Liszt, Strauss, d’Annunzio ou Paul Valéry, ont laissé le souvenir impalpable de leur présence à Duino, où ils étaient reçus par cette famille princière européenne, hautement cosmopolite. Estimé entre 15 et 20 millions de francs, le mobilier de Duino comporte près de 3 000 objets : livres, meubles, objets d’art, faïence... Souvent très restaurés il y a une soixantaine d’années, les tableaux constituent un ensem­ble conséquent. La Procession de la Dogaresse Morosina-Grimani est une majestueuse composition de Vincentino, dont le pendant est conservé au Musée Correr de Venise. Autre œuvre notable, le portrait racé de Mathias Hofer – propriétaire de Duino au XVIe siècle –, attribué à Lambert Sustris, n’a pas été vu depuis 1935. Ces deux tableaux pourraient jusqu’au dernier moment faire l’objet d’un refus d’exportation de la part des autorités italiennes. Une négociation est en cours, et il est déjà établi que les archives très riches et anciennes de Duino iront à l’État italien.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°36 du 18 avril 1997, avec le titre suivant : De Balthus à Duino

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque