La Galerie Lelong présente le travail du grand sculpteur britannique rattaché au Land Art, tout en retenant la leçon du minimalisme.
« The Many Voices of the Trees », la nouvelle exposition personnelle de David Nash à la Galerie Lelong & Co. (jusqu’au 30 avril) présente un large ensemble de pièces récentes de l’artiste, « un des plus importants sculpteurs britanniques » (Amanda Farr), acteur « singulier de l’école anglaise du paysage aux côtés de Richard Long, d’Andy Goldsworthy ou d’Hamish Fulton » (Thierry Dufrêne). Rassemblant sculptures en bois ou en bronze de différents formats, ainsi que des œuvres sur papier, l’exposition donne à voir l’incroyable diversité du travail de l’artiste. Membre de la Royal Academy of Arts depuis 1999, David Nash (né en 1945) s’installe dans les années 1960 à Blaenau Ffestiniog, ville minière du nord du pays de Galles, où il a rénové une chapelle pour en faire son atelier.
Fasciné par la nature, David Nash ne cherche pas à la dompter, mais à entrer en communion avec elle et à la célébrer. Souhaitant sentir la vie des arbres, c’est à l’aide d’outils aussi divers qu’une hache, une scie ou un chalumeau qu’il sculpte des morceaux de bois récupérés, toujours guidé par leurs spécificités – leur essence, leur couleur, leur matière, leurs aspérités… Il affirme ainsi « n’utilise[r] que des arbres devenus naturellement disponibles, à la fin de leur vie […]. Travaillant souvent là où ils ont chu, [il] parcourt leurs veines, lignes et volumes pour trouver des formes qui fassent écho à leur personnalité, leur histoire, leur donnant une voix. » Si sa pratique est proche du Land Art, il a retenu de « la génération minimaliste qui a précédé la sienne », selon l’analyste Jean Frémon, « le goût des formes simples et le rejet de l’ornement au bénéfice d’un travail subtil des proportions ».
En plus des sculptures monumentales qui ont fait sa renommée, d’autres, de plus petit format, complètent l’éventail de son travail, notamment les « variantes ». Bijoux d’élégance, ces multiples, toujours uniques car en bois, sont assez abordables (douze variantes par série, autour de 2 000 euros chacune). Le dessin occupe également une place de choix dans le travail de David Nash, qui déploie dans ses œuvres sur papier autant d’inventivité et de raffinement que dans ses sculptures. Si de nombreuses pièces de l’artiste font partie de prestigieuses collections publiques et privées à travers le monde, son travail, assez peu présent sur les marchés publics, reste néanmoins relativement accessible.
1_Récurrente dans son travail, la forme ovoïde signifie, pour David Nash, « un con-densé de vie à venir, une quintessence de tout ce qu’il y a de complexe dans la nature. Simple, primordiale, forte, précieuse, un instant de pureté […]. L’œuf occupe un espace entre dedans et dehors. » Cette sculpture en noyer de moyen format (53 x 28 x 27 cm) est caractéristique du traitement que fait l’artiste de l’œuf : en l’incisant de toutes parts, il lui confère délicatesse et légèreté. On retrouve d’autres œuvres ovoïdes en « variantes » de petit format, beaucoup plus accessibles (environ 2 000 €).
6 000 €
2_L’hommage que rend David Nash aux arbres se déploie non seulement dans son traitement sculptural du bois, mais aussi à travers ses œuvres sur papier. Souvent littéraux, les titres témoignent de l’humilité de son rapport aux cycles de la nature. Ainsi, ce dessin, datant de 2020 et intitulé Maple – Early Spring, représente, comme son nom l’indique, un érable au début du printemps, c’est-à-dire entamant sa phase de floraison. Plus réaliste que certains arbres rouges à la limite de l’abstraction, cette représentation éthérée est empreinte d’une grande poésie.
165 000 €
3_David Nash réalise depuis quelques années des œuvres en bronze à partir de moules en bois, pratique plutôt rare pour un sculpteur. Red Column, réalisée en 2020 et éditée à quatre exemplaires, en est un magnifique exemple. D’un rouge vif et d’apparence lisse, la sculpture laisse cependant apparaître les aspérités du bois.Jouant du contraste entre instabilité et monumentalité (2,45 m de hauteur), cette œuvre d’une grande élégance est la pièce maîtresse de l’exposition à la Galerie Lelong & Co., et également la plus chère du catalogue.
85 000 €
4_Holed Red Column (2018) est emblématique du travail de l’artiste, par l’utilisation de l’essence de séquoia, dont il apprécie la teinte rouge, mais également par le recours au feu. Il joue de la couleur et de la matière en brûlant partiellement la colonne percée, conférant une dimension décorative à l’aspect brut du matériau. Bien que ce type de sculpture ne demande pas d’entretien particulier, le bois reste vivant : si des fissures et craquelures peuvent apparaître avec le temps, elles font partie intégrante de l’œuvre et en renforcent le caractère.
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David Nash
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°743 du 1 avril 2021, avec le titre suivant : David Nash