Jean-Claude Anaf et Philippe Rouillac fourbissent leurs armes et rivalisent avec Paris.
LYON/CHEVERNY - Les commissaires-priseurs de province ne chôment pas. Selon les saisons, leurs ventes généralistes de prestige dépassent parfois en qualité celles de leurs confrères parisiens. À preuve, Jean-Claude Anaf, l’un des plus actifs d’entre eux, frappera fort les 11 et 12 juin avec deux catalogues particulièrement bien fournis « permettant de faire de Lyon une importante place pour le marché de l’art », d’après l’intéressé. Les lots d’exception ne manquent pas dans les diverses spécialités qui composent cette double vacation, à l’instar d’un rare paysage de Vlaminck de la période cézannienne. Daté de 1912 et estimé 130 000 euros, il était conservé dans une collection particulière lyonnaise avec un précieux pedigree (la galerie Kahnweiler puis Hirschl & Adler avant la collection Jerome K. Ohrbach). Mais le coup de projecteur sera porté sur un ensemble de meubles par la dynastie des Hache, « sans doute les seuls ébénistes de province [sis à Grenoble] dont la qualité d’exécution et la réputation – qui leur valut le titre prestigieux d’ébénistes du duc d’Orléans –, égalaient celles des plus grands ébénistes parisiens », souligne l’expert Guillaume Dillée. Le lot phare en est une très rare commode galbée d’apparat, de forme arbalète, d’époque Régence, deux fois estampillée. Exécuté par Pierre Hache, en bois de placage marqueté à l’italienne sur fond de loupe de sycomore teinté en vert, rouge et brun de rinceaux feuillagés en façade, ce meuble de qualité musée est estimé 250 000 euros. « Depuis quelques années, Jean-Claude Anaf réalise les plus gros prix sur le mobilier des Hache dont l’intérêt international va croissant », ajoute Guillaume Dillée. L’expert, appelé au veeting du dernier salon de Palm Beach, se rappelle avoir vu, sur le stand de la galerie américaine Mary Helen McCoy (Alabama), quelques beaux lots des Hache, achetés quelque temps auparavant chez le commissaire-priseur lyonnais.
Les « trouvailles » de Rouillac
C’est avec des objets vierges et inattendus, dénichés dans les châteaux et vieilles demeures françaises et proposés sans prix de réserve, que le commissaire-priseur vendômois Philippe Rouillac crée chaque année l’événement dans l’enceinte du château de Cheverny (Loir-et-Cher). Et attire collectionneurs et institutions du monde entier avec ses « trouvailles ». En exergue cette année, un portrait d’apparat d’un intendant général de Napoléon signé Gros. Accroché dans un château de Touraine, il a failli se le faire ravir par un auctioneer. « C’est certainement le dernier Gros en main privée. Disparu depuis 1936, il était conservé depuis l’origine dans la même famille ! », précise Philippe Rouillac. Ce Portrait de Pierre-Jacques Orillard, comte de Villemanzy, pair de France est modestement estimé 200 000 euros. Mais le commissaire-priseur en espère le double, tout comme pour une suite de quatre tableaux à décor de médaillons par Boucher : « Ils proviennent du château de Sceaux et étaient dans la famille du duc de Trévise depuis 1872. Inconnus de tous, ces tableaux troublent les spécialistes de Boucher qui les considéraient comme perdus… De plus, ils sont plus intéressants et plus beaux que ceux de la Frick Collection de New York ! » Dormant depuis plusieurs générations dans des familles, des boiseries de la chambre de Louis XIII pour le château de Richelieu (Indre-et-Loire) commandées par le Cardinal de Richelieu, une Pastorale de Maurice Denis sur carton montrant une vision de la Bretagne dans des tonalités rose et bleu ou une rivière de diamants du XIXe siècle d’un poids total de 30 carats sont quelques-unes des autres surprises de la vente.
ANAF ARTS AUCTION - Experts : Jean-Norbert Salit (orfèvrerie et joaillerie), Thierry Roche (Art déco), Guillaume Dillée (mobilier et objet d’art), Laurence Fligny (haute époque), Thierry Portier (arts d’Asie), Alain Cano (dessins, estampes et gravures), Cabinet Turquin-Étienne (tableaux anciens), Agnès Sevestre-Barbe et Amaury de Louvencourt (tableaux modernes et contemporains), Tina Bernaerts (tableaux du XIXe siècle) - Estimation : 3,2 millions d’euros - Nombre de lots : 450 PHILIPPE ROUILLAC - Experts : Cabinet Serret-Portier (bijoux), René Millet (tableaux anciens et dessins XIXe), Jacques Bacot et Hughes de Lencquesaing (meubles et objets d’art) - Estimation : 1,5 million d’euros - Nombre de lots : 200
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David contre Goliath
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Abonnez-vous dès 1 €- LES TEMPS FORTS D’ANAF ARTS AUCTION, vente les 11 et 12 juin, hôtel des ventes Lyon Brotteaux, 13 bis, place Jules-Ferry, 69006 Lyon, SVV Anaf, tél. 04 37 24 24 24, www.anaf.com - 18e VENTE GARDEN-PARTY À LA FRANÇAISE, vente le 11 juin à 14 h 30, Orangerie du château, 41700 Cheverny, SVV Ventes aux enchères Vendôme-Cheverny-Paris, Tél. 02 54 80 24 24 ; exposition : le 9 juin 15h-20h, le 10 juin 10h-17h, le 11 juin 9h-11h., www.rouillac.com
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°239 du 9 juin 2006, avec le titre suivant : David contre Goliath