À travers une centaine d’œuvres, la galerie Brame et Lorenceau propose en ses murs un panorama de la peinture de paysage au XIXe siècle. En faisant cohabiter des grands noms du paysagisme avec d’autre moins souvent cités, l’exposition tente de rendre justice à quelques oubliés de l’histoire de l’art.
PARIS - « La nature commune fut le premier modèle de l’art. Le succès de l’imitation d’une nature moins commune fit sentir l’avantage du choix ; et le choix le plus rigoureux conduisit à la nécessité d’embellir ou de rassembler dans un seul objet les beautés que la nature ne montrait éparses que dans un grand nombre. » Telle était la conception de Diderot en 1769 (« Pensées détachées sur la peinture, la sculpture, l’architecture et la poésie ; Pour servir de suite au Salons », in Salons). Un siècle plus tard, le « pleinairisme », la nature comme unique modèle, centre des préoccupations de l’artiste, étaient communément admis. C’est l’histoire et la conquête d’un genre qui sont le propos de cette exposition, à travers Barye, Corot, Rousseau ou encore Courbet, mais surtout au travers d’artistes que la postérité a laissés pour compte. Des œuvres néoclassiques, paysage d’Italie de Bidauld, vue de l’arrière-pays romain de Boisselier ou encore vue de la côte Almafitaine de Rémond, ouvrent l’exposition, mais l’accent est particulièrement mis sur l’École de Barbizon à laquelle deux salles sont consacrées. Autour de Rousseau sont rassemblés Dupré, Diaz de la Peña, Huet, Troyon, Daubigny. Parmi les sept toiles de Rousseau, on remarquera particulièrement Clairière en forêt, le dormoir au bas d’Apremont, ou encore un panneau préparatoire sur un sujet similaire, exécuté vers 1860-1864, vendu 450 000 francs. Des œuvres de Jules Dupré, outre le « portrait » d’arbre Le Rageur particulièrement intéressant, Le Paysage au canal (180 000 francs), d’une facture très proche de celle de Théodore Rousseau. Dans la même salle sont exposés deux grands maîtres du paysage : Corot, avec quatre tableaux et un dessin, et Courbet. Souvenir des rivages méridionaux (850 000 francs) particulièrement séduisant pour son aspect onirique concentre toutes les caractéristiques poétiques de l’univers plastique de Corot. Un grand format du Maître du Réalisme Taureau blanc et génisse blonde, étude pour Demoiselles de village, étonnant par sa facture et sa luminosité ne manquera pas de susciter l’intérêt des amateurs. La dernière partie de l’exposition est consacrée à la fin du siècle, des œuvres de Lebasque, Devambez, Lepère y sont, entre autres, présentées.
Rendre justice aux écoles régionales
Envisagée depuis deux ans, l’exposition réunit des œuvres de provenances diverses presque toutes proposées à la vente. De nombreux noms rarement cités y figurent tels ceux de Maxime Lalanne (Le Hameau, dessin, 10 000 francs) ou de Léon-Pierre Herpin (Charenton, huile sur toile, 30 000 francs). En mettant l’accent sur de petits maîtres, de fait relativement peu onéreux, l’exposition rend justice aux différentes écoles régionales. Éloignées du pouvoir centralisateur de l’École des beaux-arts de Paris, celles-ci ont parfois montré une grande originalité. C’est le cas de l’École provençale dont le souci d’exalter la lumière préparait d’une certaine manière le terrain pour l’Impressionnisme.
Jusqu’au 1er décembre, galerie Brame et Lorenceau, 68 boulevard Malesherbes, 75008 Paris, tél. 01 45 22 16 89, du lundi au samedi, 11h-18h30.
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D’après nature
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°135 du 26 octobre 2001, avec le titre suivant : D’après nature