Dans le sillage de Paris photo

L’indicateur de confiance atteint 81 sur un grade de 0 à 100, « rang le plus positif jamais enregistré », note-t-il en soulignant que « le marché de la photographie moderne et contemporaine connaît un taux de croissance de confiance de 16,6 % sur les douze derniers mois ». Et le fondateur de cette société d’analyse du marché d’art de répertorier en juin 2014 au top 5 des photographes modernes : William Eggleston (94), Richard Avedon (94), Edward Weston (91,7), Irving Penn (89,8) et Henri Cartier-Bresson (89,3), tandis qu’au top 5 des photographes contemporains prennent la tête Edward Burtynsky (91,8), Hiroshi Sugimoto (89,7), Stephen Shore (81,6), Sally Mann (81,3) et Sebastião Salgado (78,4).

Du côté des galeries photo parisiennes, on affiche en général la même confiance, passé un mois de septembre plus que morose faisant craindre le pire. « 2013 a été la meilleure année depuis l’existence de la galerie et 2014 s’annonce aussi bonne », constate Didier Brousse de Camera Obscura qui, dans le cadre du Mois de la photo, présente Arno Rafael Minkkinen, dont l’exposition signe l’arrivée dans la galerie. Avec un 40 x 60 cm en 25 exemplaires à 4 500 euros de base augmentant au fur et à mesure que l’édition s’épuise, le photographe américain se situe dans la moyenne supérieure de la galerie qui compte davantage de photographes qui vendent à moins de 2 000 euros.

De plus en plus de collectionneurs
« Depuis quatre ou cinq ans nous constatons de très bonnes années dues pas tant à l’augmentation du prix des œuvres qu’à l’accroissement du nombre des acheteurs ou collectionneurs », note Didier Brouste. Même constat à la Galerie Particulière qui termine au mieux sa cinquième année d’existence avec le Coréen Byung-Hun Min aux séries variant de 2 200 à 18 000 euros selon le format. À la galerie In Camera, la tendance est aussi au beau fixe. « 2014 s’annonce aussi bien que 2013 », note d’ores et déjà Jean Noël de Soye son fondateur avec Hanane Hilmi, tous les deux également présents dans le cadre du Mois de la photo avec une exposition de groupe d’auteurs de la galerie autour du thème de l’intimité. Si l’artiste américain Robert Longo, dont la galerie a l’exclusivité, est l’auteur le plus cher avec un prix moyen de 15 000 euros, les autres photographes affichent des cotes variées, mais en augmentation régulière voire exponentielle comme la jeune Russe Evgenia Arbugaeva exposée à Paris photo 2013, et passée en un an pour un format 33 x 48 cm de 950 à 3 000 euros pour les derniers exemplaires (édition de dix). Les prix pour Yves Marchand & Romain Meffre, dont Polka fut la première galerie, ont montré leur travail sur Détroit et les premiers numéros de leurs photos présentées sont passés de 2 500 à 3 500 euros. Tandis que Sebastião Salgado, qui fut le premier photographe exposé à la galerie en 2007, a choisi récemment d’être représenté par Polka pour l’Europe, mais en restant maître du prix de ses images, soit 7 200 euros en prix de base pour un 30 x 40 cm à 50 000 euros pour un 130 x 180 cm.

La palette des prix ouvrant à une clientèle large est une particularité des galeries de photographie, y compris chez les galeries généralistes qui vendent de la photographie. Le travail de fonds, désormais mené systématiquement en amont par le galeriste avec l’auteur sur ses séries, formats et nombre d’éditions, en est une autre. C’est le cas par exemple d’Isabelle Mesnil de NextLevel avec Ronan Guillou, aux prix compris entre 2 500 et 4 000 euros pour les 60 x 60 cm de sa série « Truth or Consequences » (édition de six) ou encore de Christine Ollier des Filles du Calvaire avec Matt Wilson, aux petits formats édités à trente exemplaires et vendus à 750 euros. Idem chez Éric Dupont avec Mathieu Pernot, régulièrement montré dans les foires depuis quatre ans et dont la cote s’est consolidée en trouvant systématiquement preneurs avec des prix entre 2 000 euros jusqu’à 10 000 euros et une carrière à l’international soutenue en appui.

Une concentration du marché
Cette conjoncture au beau fixe pour ces galeries n’est cependant pas exempte de mutations comme le constate Christine Ollier : « avant la crise de 2008, tous nos artistes fonctionnaient très bien. Depuis on assiste à une concentration du marché sur des noms émergents et des têtes de ponts qui bénéficient d’une reconnaissance institutionnelle. » Nathalie Obadia fraîchement « convertie » au médium peut le constater avec Luc Delahaye et Patrick Faigenbaum, rejoints depuis par Valérie Belin et Andres Serrano tout récemment. « Dès notre première exposition de Luc Delahaye en 2011, on a vendu aux musées, aux fondations et aux collectionneurs français et internationaux », dit-elle. Rebelote aujourd’hui avec l’exposition en cours dont les prix s’étagent entre 35 000 et 45 000 euros.