L’antiquaire vénitien Pietro Scarpa affirme avoir retrouvé en Californie, dans une collection privée américaine, le Portrait de Gian Paolo da Ponte peint par Titien vers 1534. Disparu depuis plus de soixante ans, le tableau est en parfait état de conservation, et de nouvelles indications ont confirmé son authenticité.
VENISE - L’œuvre du maître vénitien, longtemps considérée comme perdue, a été facilement identifiée. Cité par Giovan Battista Cavalcaselle et Joseph Archer Crowe dans leur Vie de Titien (1877), ce portrait a été également reproduit par Wilhelm Suida dans son Titien publié en 1933. Il se trouvait alors dans la collection Heinemann, à Munich. Mais son itinéraire jusqu’à la chambre forte d’un collectionneur américain – où il était conservé, anonyme et oublié, depuis 1937 – reste inconnu.
Le rentoilage du tableau a réservé quelques surprises. En enlevant la doublure posée durant la seconde moitié du XIXe siècle, l’inscription “Zan Paulo da Ponte Spilimbergo” est apparue sur la toile d’origine, précédée et suivie d’une croix latine barrée d’un trait en diagonale. On a tout d’abord pensé que ce signe, ressemblant à un T et un V entrelacés, se référait aux initiales de Titien. C’est en fait Gian Paolo da Ponte lui-même qui a tracé cette inscription. Personnage très en vue à Venise, grand propriétaire terrien et immobilier, celui-ci se consacrait par pur plaisir à la collection et au commerce de livres et tenait ponctuellement son journal. Cinq des six volumes composant ses Mémoires ont été conservés dans les archives de la famille Spilimbergo Spanio. Leur appartenance à da Ponte est attestée sur chaque tome par la même signature, précédée et suivie de ce signe caractéristique.
Par ailleurs, les deux mille pages des Mémoires qui rapportent les événements marquants de sa vie, entre 1510 et 1560, relatent aussi ses dépenses quotidiennes. Le 8 mars 1534, Gian Paolo da Ponte note qu’il a commandé deux portraits à Titien, le sien et celui de sa fille Giulia. Vasari le mentionne également dans ses Vies.
Après avoir retrouvé le père, Pietro Scarpa s’est lancé à la recherche de la fille ; il aurait peut-être identifié le portrait perdu de Giulia dans un tableau anonyme d’une collection publique. En attendant, le Portrait de Gian Paolo da Ponte, accompagné des documents ayant permis son authentification, est exposé dans la galerie vénitienne de Scarpa et ses fils, Sebastiano et Jacopo.
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Dans la famille da Ponte...
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°70 du 6 novembre 1998, avec le titre suivant : Dans la famille da Ponte...