Le marché des tissus anciens se porte bien. Depuis 1994, date à laquelle a été réhabilitée cette spécialité, les prix connaissent une croissance régulière. Ils sont fonction de la qualité des dessins, des décors et de la fraîcheur des coloris. Deux ventes se tiendront à Drouot Richelieu en ce début d’automne. L’étude PIASA dispersera, le 26 septembre au profit du Comité de Paris de la Ligue contre le cancer, 400 étoffes anciennes de la collection Juliette Niclausse. Olivier Coutau-Bégarie mettra en vente, les 3 et 4 octobre, un ensemble d’étoffes et de papiers peints anciens.
PARIS - “Un siège ancien mérite un tissu d’époque.” Annotée au dos d’un catalogue de vente publique, cette phrase de Juliette Niclausse (1901-1994) aurait pu devenir la devise de cette femme de caractère qui conjugua deux passions : les antiquités et les tissus anciens. Responsable d’un magasin d’antiquités situé rue La Bruyère, dans le IXe arrondissement, spécialisé en Haute-Époque, tissus anciens et mobilier XVIIIe, elle fut aussi conseiller technique auprès du Mobilier national et des Manufactures des Gobelins et membre du Centre national pour l’étude des textiles anciens. Sa collection, qui sera dispersée à Drouot le 26 septembre par l’étude PIASA, assistée de l’expert Aymeric de Villelume, se compose de 400 lots d’étoffes anciennes dont des soieries lyonnaises, italiennes et turques du XVe au XIXe siècle, des vêtements et des textiles orientaux. On remarquera un damas – tissus de soie façonné – jaune à décor bizarre datant du début XVIIIe (12-18 000 francs), un velours ciselé jaune-rouge à décor de fleurs d’artichaut, de tulipes épanouies, œillets et œillets d’Inde (XVIe siècle, Italie, 15-20 000 francs), un autre lampas dit naturaliste attribué à Jean Revel à fond damassé crème à décor broché en soie polychrome 10-15 000 francs). Cette pièce décorée de motifs de fleurs et de fruits a été réalisée selon la technique du “point berclé” ou “point rentré” mise au point par Jean Revel. L’abbé Pernetti disait de Revel en 1757 : “Il a trouvé le secret de placer les ombres du même côté. Sa composition était noble et hardie, ses nuances parfaites.”
Des manteaux, gilets, jupes, coiffes et robes compléteront la vente. Parmi eux figurent une robe à la française d’époque Louis XVI présentant un fond satin rose crevette et un décor crème orné de guirlandes de fleurs, rayures cannelées et rayures vert et rouge (8-10 000 francs), une coiffe alsacienne à fond damassé jaune à décor de fil d’or, pailleron, miroir et strass (600-800 francs) et un gilet couleur crème à décor brodé de pois et à la boutonnière ornée de tulle (800-1 200 francs).
Un tapis signé da Silva Bruhns
Olivier Coutau-Bégarie, assisté de Xavier Petitcol, prendra le relais, les 3 et 4 octobre, en dispersant un ensemble d’étoffes, papiers peints et archives textiles. À noter parmi les tissus d’époque un velours ottoman de Brousse (15-25 000 francs), de fastueuses soieries italiennes de la Renaissance dont un velours relevé cramoisi broché or (7 000-10 000 francs) et un taffetas broché issu des fabriques de Tours (2 000-2 500 francs). Parmi les pièces les plus récentes datant du XXe siècle, on remarquera un tapis art déco signé da Silva Bruhns (40-50 000 francs).
Un autre point fort de la vente consiste en la remarquable collection de papiers peints des XVIIIe et XIXe siècles dont un très rare papier peint à motif répété en arabesques datant de la fin du XVIIIe siècle (30-40 000 francs) et un autre de la Manufacture royale de Réveillon (1788, 50-60 000 francs).
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Damas, lampas et brocarts
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°111 du 22 septembre 2000, avec le titre suivant : Damas, lampas et brocarts