Ventes aux enchères

Crédit municipal, un nouveau nom pour de nouvelles ambitions

Par Martine Robert · L'ŒIL

Le 20 décembre 2018 - 719 mots

PARIS

La multiplication des foires, des musées, des collections privées et l’essor de l’art contemporain engendrent d’importants besoins de stockage permanent ou temporaire. L’ex-Mont-de-piété veut pousser ses avantages, avec des surfaces disponibles au cœur du Marais.

Le secteur du stockage d’œuvres d’art est en plein essor, estimé à 120 millions d’euros en France et à 1 milliard de dollars dans le monde. L’engouement international pour l’art contemporain en particulier, qui utilise des supports de plus en plus variés, dans des formats parfois monumentaux, gonfle la demande des musées, des galeries et des collectionneurs privés, à la recherche d’espaces pour entreposer toutes ces pièces. La multiplication des foires, des expositions, des itinérances, renforce la nécessité de trouver des réserves permanentes ou temporaires. D’où le succès des ports francs, le développement de nouveaux entrepôts comme celui de 24 000 m2 que construira en 2019 la société Chenue, près de l’aéroport du Bourget, ou la création de réserves visitables à disposition des collectionneurs prochainement mises en place par le Musée Boijmans à Rotterdam.

Au cœur du quartier des galeries

Dans ce contexte, un nouvel entrant vient de faire son apparition : le Crédit municipal de Paris qui a lancé CC Art. « CC » pour « Centre de conservation », car l’établissement issu du Mont-de-piété créé en 1637 développe aujourd’hui son service de stockage à destination des collectionneurs, marchands d’art, maisons de ventes et musées. Celui que l’on surnomme familièrement « Ma tante », connu pour ses prêts sur gage (dont beaucoup de bijoux et de tableaux), dispose en effet d’importantes surfaces dans son siège de 25 000 m2 au cœur du Marais, quartier particulièrement riche en galeries et institutions culturelles.

« À côté des objets stockés en contrepartie de prêts octroyés, nous avons développé depuis trente ans une activité de conservation hautement sécurisée – puisque nous sommes assimilés à une banque –, à destination des acteurs du marché de l’art. Nous allons augmenter ces capacités de stockage, limitées pour l’instant à 1 000 m2, de 30 % en surface et les multiplier par quatre en volume dès 2019 », souligne le directeur général du Crédit municipal de Paris, Frédéric Mauget. Outre les réserves collectives et les coffres-forts, le site va doubler le nombre d’espaces privatifs dits « alvéolés » tandis qu’une équipe de six salariés est affectée à cette activité.

Une aubaine dans ce Paris historique pour les galeristes, commissaires-priseurs et amateurs d’art, qui peuvent ainsi conserver les œuvres près de chez eux. Et même bénéficier d’autres services (prestations d’expertise, de restauration légère ou d’encadrement). Des salons sont mis à disposition pour la présentation des œuvres à tout client potentiel, comme cela se pratique dans les ports francs de Genève, du Luxembourg ou de Singapour, même si le Crédit municipal, lui, n’est pas sous douane. Enfin, l’établissement dispose d’une cave où abriter des vins de grand cru.

« Nous travaillons déjà avec les musées de la Ville de Paris, avec des opérateurs de Drouot, des galeries connues, des collectionneurs importants. Nous sommes convaincus de notre potentiel, à l’heure où les banques traditionnelles ferment des agences et suppriment des coffres », poursuit Frédéric Mauget. Au-delà de l’investissement de 500 000 euros consenti dans ces nouveaux espaces de stockage, le dirigeant n’exclut pas de rajouter d’autres superficies, si nécessaire, et relance déjà activement la prospection commerciale.

Une maison de ventes aussi

La conservation est au centre de l’activité du Crédit municipal, même si, chaque année, l’ex-Mont-de-piété se sépare de 10 % des biens laissés en dépôt en contrepartie de prêts gagés, les vendant aux enchères parce que les emprunteurs ne peuvent rembourser leur dette. « Ma tante » organise ainsi quatre-vingts ventes par an, souvent thématiques (bijoux, œuvres d’art, vins, livres anciens, instruments de musique...), en collaboration avec des commissaires-priseurs et experts de renom, mais avec des frais pour les acheteurs limités à 14,4 % du prix adjugé, deux fois moins que dans les autres maisons de ventes.

Pas moins de 1,3 million d’œuvres sont stockées au Crédit municipal, lequel accorde 230 millions de prêts par an et dégage des revenus nets de 24 millions d’euros. Son activité de conservation pour les particuliers ou professionnels ne pèse que 3 % de son chiffre d’affaires, mais, dans les années à venir, « elle pourrait atteindre le million d’euros », précise Frédéric Mauget qui a présenté pour la première fois CC Art à la dernière Fiac, quand le microcosme de l’art était réuni au Grand Palais.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°719 du 1 janvier 2019, avec le titre suivant : Crédit municipal, un nouveau nom pour de nouvelles ambitions

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