Une huile de Lucas Cranach de 1538, Vénus et l’Amour voleur de miel, une toile d’Auguste Renoir de 1908, Les Néfliers, Cagne, un bureau plat d’époque Louis XVI estampillé I. Dubois, un livre d’heures dû au Maître de la Chronique scandaleuse sont quelques-unes des plus belles pièces qui sont exposées 15 avenue Montaigne, du 18 au 23 octobre, à l’occasion des Temps forts de Drouot. L’étude Tajan organisera, elle, ses ventes de prestige à l’hôtel Four Seasons, George-V, les 20 et 21 décembre. Au programme notamment du côté des tableaux une toile de Joseph Vernet pour les anciens et une huile d’Henri Martin pour les modernes. On remarquera aussi parmi les meubles et objets d’art des XVIIIe et XIXe siècles une paire de cabinets d’époque Louis XVI, exécutés par Étienne Levasseur.
PARIS - Vénus et l’Amour voleur de miel est un tableau de Lucas Cranach qui a été exécuté en 1538 (1,5-2 millions de francs, Drouot-Richelieu, 4 décembre, étude Rieunier, Bailly-Pommery). Le sujet est tiré du chant XIX des Idylles de Théocrite, poème grec du IIIe siècle avant Jésus-Christ. Poursuivi par des abeilles dont il vient de voler le miel, l’Amour se réfugie auprès de Vénus, sa mère. Celle-ci se moque de lui et lui démontre que les blessures qu’il inflige à ses victimes sont bien plus douloureuses que celles provoquées par le dard des abeilles. Le sujet fut également traité par Albrecht Dürer dans une aquarelle datée de 1514. Un peu plus tardif, le Portrait de Néron proposé par l’étude de Ricqlès (800 000-1 million de francs, Drouot-Richelieu, 27 novembre) est l’une des toutes premières œuvres de Rubens. Exécutée vers 1598 pendant sa période anversoise, cette huile, qui s’inscrit dans une suite de portraits d’empereurs tous représentés dans un ovale, témoigne de la fascination de l’artiste pour la culture antique et le courant humaniste. “Cette œuvre est encore très marquée par l’influence de son maître, Otto Van Veen”, souligne l’expert René Millet.
L’étude PIASA exposera une huile de Carlo Saraceni (1579-1620), Le Déluge, qui est à rapprocher d’un autre tableau de composition similaire aujourd’hui conservé à la Galleria Schönborn au château de Pommersfelden en Allemagne (4-6 millions de francs, PIASA, Drouot-Richelieu, 6 décembre). Saraceni a été influencé par plusieurs artistes dont Annibal Carrache et Adam Elsheimer. “L’ambiance douce et parfois vaporeuse des œuvres de Saraceni perpétue la tradition picturale italienne de Parmesan, Giorgione et Corrège”, explique l’expert Éric Turquin. Également présentée par l’étude PIASA, La SainteFamille de Giovanni Battista Tiepolo provient d’un album confié en 1762 par l’artiste au couvent des Padri Somaschi, en Espagne, où son fils était religieux (300-400 000 francs, PIASA, Drouot-Richelieu, 20 novembre). Cet album contenait environ 70 dessins figurant la Sainte Famille et une centaine d’études de têtes dont plusieurs sont conservées dans des musées comme le Metropolitan Museum of art de New York. “Les dessins semblent avoir été exécutés entre 1754 et 1762, époque où Giambattista souffrait de la goutte, ce qui l’empêchait de poursuivre ses grands travaux de fresques, explique l’expert Bruno de Bayser. Il ne s’agit donc pas d’études préparatoires mais d’exercices où l’artiste montre sa virtuosité.”
Un Paysage biblique de Georges Rouault
L’étude Tajan mettra en vente, le 20 décembre à l’hôtel George-V, un ensemble de tableaux anciens comprenant notamment une huile de Martin de Vos (Orphée charmant les animaux, 600-800 000 francs), une toile de Joseph Vernet (Marine au clair de lune, 600-800 000 francs) ainsi que des tableaux de Théobald Michau, Lucas Gassel et Cornélis Mahu.
Le lendemain, le 21 décembre, François Tajan dispersera un ensemble de tableaux et sculptures modernes et impressionnistes parmi lesquels un bronze de Bugatti représentant une chienne (2 millions de francs), une huile d’Henri Martin figurant une bastide (1,5 million de francs) et un nu féminin de Max Pechstein (500 000 francs).
L’étude Briest exposera, de son côté dans le cadre des Temps forts, plusieurs belles toiles qu’elle mettra en vente, le 16 décembre à l’hôtel Dassault. On remarquera notamment un Paysage biblique de Georges Rouault des années trente qui viendra s’insérer dans le catalogue raisonné actuellement en préparation (1,2-1,5 million de francs), une huile d’Henri Matisse (La Cheminée du roi, Marseille, 1,8-2,2 millions de francs) et une autre de Pierre-Auguste Renoir (Les Néfliers, Cagne, 1908, 4-5 millions de francs). L’étude Ferri a sélectionné une œuvre de Pierre Bonnard (Jeune Fille au chien dans un parc, 1,2-1,5 million de francs) et une d’Henri Lebasque (Élégante au châle, 800 000-1 million de francs), Me Binoche une huile de Juan Gris (Pipe et paquet de tabac, 1922, 800 000-1 million de francs, 27 octobre, Drouot-Richelieu), une toile d’Erro (L’appétit est un crime, 1959, 300-400 000 francs) et une sculpture en bois teinté de Ossip Zadkine (Torse de femme, 1939, 800 000-1 million de francs) qui a appartenu à la collection d’Henri Hoppenot, ancien ambassadeur de France qui fut l’ami de Saint-John Perse et de Paul Claudel. Plusieurs œuvres choisies par Pierre Cornette de Saint-Cyr seront présentées avenue Montaigne avant d’y être vendues le 28 octobre. Parmi elles se trouvent un Jean-Michel Basquiat de 1984, Five stages of sleep (500-700 000 francs) et un Vieira da Silva de 1965, La Ville fermée (1,5-2 million de francs).
Un bureau plat estampillé I. Dubois
Le mobilier classique sera à l’honneur, le 20 décembre dans les salons de l’hôtel Four Seasons, George-V. Jacques Tajan y dispersera une importante paire de cabinets d’époque Louis XVI, de forme rectangulaire à léger ressaut en placage d’ébène, marqueté dans le goût des Boulle, exécuté par Étienne Levasseur (4-5 millions de francs), une table-bureau à mécanisme de forme rectangulaire en acajou et placage d’acajou à ramages d’époque Louis XVI, due à Roentgen (1,2-1,5 million de francs) et un miroir de forme mouvementée en bois doré et chantourné (Rome, milieu du XVIIIe siècle, 800 000-1 million de francs). L’étude Pescheteau-Badin, Godeau, Leroy proposera aux enchères, le 10 novembre, un bureau plat en placage d’ébène époque Louis XVI estampillé I. Dubois (3-3,5 millions de francs, Drouot-Richelieu) et un groupe en bronze inspiré d’une esquisse de Michel-Ange, représentant Samson et deux Philistins (travail florentin du XVIe siècle, Drouot-Richelieu, 300-400 000 francs). Ces pièces voisineront avec une paire d’appliques à trois bras de lumière en bronze ciselé d’époque Louis XVI (400-600 000 francs, Drouot-Richelieu, 27 novembre, étude de Ricqlès) et une pendule de la manufacture de Dihl et Guerhar en porcelaine peinte à l’imitation de l’agate jaspée et rehaussée de d’or reproduisant deux trophées de casques à cimier (80-120 000 francs, Drouot-Richelieu, 27 novembre).
Souvenirs de la Callas
Belles surprises également du côté des livres anciens avec un manuscrit à peintures de la fin du XVe siècle du Maître de la Chronique scandaleuse, exécuté, après le mariage de Charles VIII avec Anne de Bretagne, vers 1492. Ce manuscrit sur vélin, illustré de 11 grandes miniatures, 12 petites et 18 bordures miniaturisées, porte sur un feuillet les armoiries de Charles VIII et sur un autre sa devise, “Plus quautre” (2 millions de francs, Drouot-Richelieu, étude Laurin, Guilloux, Buffetaud, 4 décembre). Au programme également, un livre d’heures de la fin du XVe siècle d’origine parisienne à l’ornementation raffinée débutant par 24 pages de calendrier, décorées de bordures illustrées par les occupations des mois et les signes du zodiaque (700-800 000 francs, Nicolay, Delorme et Fraysse ; Drouot-Richelieu, 30 octobre). Les commissaires-priseurs disperseront le même jour un ensemble de souvenirs historiques provenant de la succession du prince Henri d’Orléans comprenant notamment un album de la guerre de Sécession par le prince de Joinville (500 000 francs) et une aquarelle de De Dreux représentant le comte de Paris et le duc de Chartres (150 000 francs). Parmi d’autres émouvants souvenirs historiques, ceux de la Callas qui seront offerts aux enchères à Drouot-Montaigne les 2 et 3 décembre par l’étude Calmels, Chambre, Cohen ; on remarquera notamment deux portraits de la diva offerts par Pier Paolo Pasolini et une lettre que lui adressa Luchino Visconti en 1958.
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Cranach, Renoir, Bugatti... : surprises de fin d’année
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°113 du 20 octobre 2000, avec le titre suivant : Cranach, Renoir, Bugatti... : surprises de fin d’année