Une collection européenne autour de l’abstraction et la figuration vendue à Paris.
PARIS - Une petite collection de quarante-six œuvres réunie en vingt-cinq ans par un couple anonyme d’amateurs d’art européen d’après-guerre sera dispersée par Christie’s, le 14 avril, à Paris. Son estimation globale est de 1,5 million d’euros. Si on ne sait rien des collectionneurs, très discrets, en revanche leur maison, dont le catalogue de la vente livre de nombreuses vues, en dit long sur leur goût artistique. Les couleurs et les matières dominent. Des teintes chaudes comme un jaune profond habillent les murs, où sont accrochées des œuvres débordant elles-mêmes de couleurs. Les nombreux meubles de Garouste et Bonetti, qui prennent aujourd’hui le dessus sur un mobilier traditionnel, annoncent une réorientation de leur collection vers la création contemporaine. L’ensemble des pièces cédées, principalement achetées en galerie, est assez homogène quant à la période de collection, entre l’abstraction française d’après-guerre, le Nouveau Réalisme, la Figuration narrative, la Figuration libre et le mouvement Cobra. « Les vendeurs connaissent ces artistes et leur cote sur le bout des doigts. Mais, à part le grand Dubuffet, les estimations n’ont pas été poussées, prévient Caroline Smulders, responsable du département Art contemporain à Paris. Cet ensemble, très français d’esprit, va rester en Europe. » Paysage au ciel rougeoyant, une huile sur panneau de la série des « Matériologies » réalisée en 1952 par Jean Dubuffet, est annoncée à 200 000-300 000 euros. « Ce n’est pas un tableau facile, mais il dégage une belle énergie. De format idéal (97 x 130 cm), il a aussi une bonne provenance : la collection Paulhiac », défend Caroline Smulders, qui compte sur le marché suisse et britannique pour soutenir ce lot. Illustrant la couverture du catalogue, La secrétaire renvoyée, tableau « colère » d’Arman, daté de 1963, qui montre une machine à écrire éclatée sur panneau en bois peint en rouge, estimé 50 000 euros, est l’un des lots phares. Selon l’expert de Christie’s, « le marché est inégal pour Arman, mais la pièce est exceptionnelle. Elle est en tout cas considérée comme “majeure” par l’artiste lui-même, comme il l’a écrit dans une lettre aux collectionneurs, qui fait suite à leur refus de prêter cette pièce pour une exposition rétrospective d’Arman à la Galerie du Jeu de paume, à Paris, en 1998 ». Winston Churchill peintre, une toile d’Arroyo réalisée en 1970, estimée 30 000 euros, ne manquera de séduire le marché espagnol, qui affectionne particulièrement les œuvres de cette série de portraits. Les collectionneurs italiens, considérés actuellement comme les plus gros acheteurs européens d’art contemporain, seront certainement tentés par quelques pièces abstraites, telles une composition de 1957 signée Georges Mathieu, estimée 30 000 euros, ou une aquarelle de 1961 de Julius Bissier, estimée 10 000 euros, « très belle et équilibrée, presque morandienne », comme le souligne Caroline Smulders. La vente comprend également des compositions telles Fobora de Maurice Estève, de 1982 (estimé 60 000 euros), Peinture du 8 avril 1987 de Soulages (estimé 70 000 euros) ou encore La Pause, un tableau très pop art de Gérard Schlosser, de 1967 (estimé 18 000 euros), proche du travail de Tom Wesselmann. Enfin, un petit groupe de toiles flamboyantes du mouvement Cobra, signées Asger Jorn, Karel Appel et Corneille, et dont la promotion est assurée par l’antenne hollandaise de la maison de ventes, devrait enflammer les amateurs d’Europe du Nord. Ces pièces sont estimées entre 10 000 et 200 000 euros.
Vente le 14 avril, Christie’s, 9, avenue Matignon, 75008 Paris, tél. 01 40 76 85 85, www.christies.com, exposition les 9, 11,12 et 13 avril, 10h-18h.
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Couleurs et matières
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°212 du 1 avril 2005, avec le titre suivant : Couleurs et matières