Collection Hazen : du fifty-fifty à New York

Christie’s et Sotheby’s se partagent la vente de la collection Hazen

Le Journal des Arts

Le 1 mai 1996 - 710 mots

Alors que les catalogues de Christie’s et Sotheby’s New York dressaient il y a un an une impressionnante liste de grands collectionneurs et mécènes – Stralem, Colin, Ryan, Daniels, Elizabeth Arden, Alice Tully –, cette année, les deux grandes maisons se partagent la vente de la collection des époux Hazen : Christie’s dispersera la collection de Joseph H. Hazen le 30 avril, et Sotheby’s celle de son épouse Lita le 1er mai. Christie’s mettra également en vente, le 30 avril, la collection de Joanne Toor Cummings.

NEW YORK - Joseph H. Hazen a fait une bril­lante carrière à Holly­wood, où il a produit des films de Dean Martin, Elvis Presley, Jerry Lewis, Charlton Heston… En 1957, il a créé sa fondation, qui a soutenu de nombreuses initiatives culturelles et participé à l’acquisition d’œuvres pour le Metropolitan Museum of Art, le Storm King Art Center, l’Israel Museum de New York et l’American Academy de Rome. Souvent prêtées pour des expositions, les œuvres majeures de la collection Joseph H. Hazen sont bien connues. Trois d’entre elles seront, entre autres chefs-d’œuvre, proposées dans le cadre de la vente du 30 avril chez Christie’s. La première est un très beau pastel de Degas, Femme au Tub, 1884 – estimé entre 6 et 8 millions de dollars – qui fait partie de la série des Femmes au bain peintes  par l’artiste entre 1884 et 1886. Les experts de Christie’s considèrent ce pastel comme le plus important Degas proposé sur le marché depuis la vente des Blanchisseuses, qui avaient été adjugées au prix record de 13,5 millions de dollars en 1987. La seconde est un chef-d’œuvre cubiste, Le jacquet, estimé entre 2 et 3,5 millions de dollars, une huile sur toile de Juan Gris, exécutée entre décembre 1913 et janvier 1914. Et la troisième, une grande huile sur toile de Miró datée de 1952, grande composition lyri­que sur fond jaune intitulée Les jasmins embaument de leur parfum doré la robe de la jeune fille, estimée entre 900 000 et 1,2 million de dollars.

Parmi les autres œuvres d’importance, une huile de Sou­tine de 1925, La fille en rose (estimée entre 350 000 et 450 000 dollars) ; une petite huile sur papier marouflé sur toile de Rouault de 1947, Fleurs de convention (estimée entre 150 000 et 250 000 dollars) et une Nature morte de Dufy de 1920 (estimée entre 120 000 et 160 000 dollars).

Christie’s mettra également en vente, le même jour la superbe collection de tableaux impressionnistes et modernes de Joanne Toor Cummings, dont Nature morte à l’espérance de Gauguin – estimée entre 7 et 10 millions de dollars –, considérée comme la plus lumineuse des quatre natures mortes aux tournesols qu’il a peintes en hommage à Van Gogh, lors de son séjour à Tahiti. Les citrons au plat d’étain (estimés entre 1,5 et 2,5 millions de dollars), peints par Matisse en 1926, sont caractéristiques de la fraîcheur et de l’énergie des œuvres réalisées par l’artiste durant son séjour sur la Côte d’azur. La collection de Joanne Toor Cummings comprend également un ensemble de sculptures de Giacometti, qu’elle connaissait personnellement, ainsi que des éléments de décor et des bijoux. Le produit de cette vente ira à des organisations culturelles et à des musées.

Une grande toile de Vuillard
Le 1er mai, les acheteurs se retrouveront sur Park Avenue, où Sotheby’s organise une vente en soirée pour disperser la collection de Lita Annenberg Hazen. L’épouse de Joseph Hazen a également rassemblé une très belle collection et financé de son côté la recherche scientifique. Fille de Saadie et Moses Annenberg, fondateurs de Triangle Publication, sœur de l’éditeur et diplomate Walter H. Annenberg, elle a été l’un des membres fondateurs de la Mount Sinaï School of Medecine de New York. Sa collection comprend notamment une grande toile de Vuillard (162,2 x 228,6 cm), La place Vintimille, estimée entre 3 et 4 millions de dollars – cette très belle vue panoramique depuis le balcon de son atelier a été peinte en 1915 et retravaillée en 1923 –, et Jeune filles et chiens (les demoiselles Natanson), un portrait à la composition complexe peint par Bonnard en 1908, qui représente les petites filles de Thadée Natanson, le fondateur de la Revue Blanche (estimé entre 1 et 1,5 million de dollars).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°25 du 1 mai 1996, avec le titre suivant : Collection Hazen : du fifty-fifty à New York

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