Clara plébiscitée

PARIS - “Il s’agissait du plus beau tableau de Clara Peeters. Celui-ci était en outre dans un très bon état de conservation. Le vif intérêt qu’a suscité cette œuvre tient aussi au fait qu’il s’agit d’une toile ancienne peinte par une femme, ce qui est rare”, explique l’expert René Millet. Estimée 1,2 à 1,4 million de francs, la nature morte (34,5 x 49 cm) a été adjugée 10,1 millions de francs à un marchand anglo-saxon. Des amateurs britanniques, américains, allemands avaient fait le déplacement, et les enchères ont été très disputées : ils étaient six à surenchérir à 8 millions, et à 10 millions, trois étaient encore en lice.

La plupart des motifs représentés ici sont familiers à Clara Peeters. Dans plusieurs de ses natures mortes, on retrouve la porcelaine chinoise Wan-Li au décor alterné de trophées et de fleurs, l’assortiment de figues, d’amandes et de raisins, le pichet orné d’une face de satyre et le très caractéristique empilement des trois fromages, surmonté d’une assiette remplie de lamelles de beurre. “Seules ses œuvres nous restent pour rappeler à quel point elle fut un précurseur dans tous les do­maines de la nature morte – les bouquets de fleurs, “les buffets”, les tableaux de poissons ou de gibiers – et pour témoigner de l’immense rayonnement qu’exerça la peinture de cette femme à la personnalité mystérieuse sur les plus grands noms de la nature morte flamande (Jan Brueghel, Nicholaes Gillis, Floris van Schooten), hollandaise (Ambrosius Bosschaert, Balthasar van der Ast, Pieter Claescz) et allemande (Peter Binoit, Georg Flegel) de la première moitié du XVIIe siècle”, déclare René Millet.